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Manu Larcenet. Sur son chemin

Bulletin : DBD 189
01 décembre 2024
Numéros de page :
pp.58-63
"Un défi colossal", "grandiose", "magistral", "un chef-d'oeuvre noir", "déjà un classique", "une claque", "un requiem aussi noir qu'éblouissant", etc. Voici quelques mois que l'adaptation en bande dessinée de "La Route" de Cormac McCarthy par Manu Larcenet file sur un chemin sans trop d'embûches, approchant les 192 000 exemplaires vendus et vingt-deux traductions [chiffres et infos de Claude de Saint-Vincent], accueillie partout où elle passe par un choeur de superlatifs. "La Route", c'est la voie sans issue que l'apocalypse a laissée à un homme, son fils et quelques poussières d'êtres qui doivent leur survie à leur mue en purs instincts carnassiers. "La Route", c'est aussi l'ossature disloquée d'un monde qui a fini de saigner. Ce qui reste de lacs, de chemins de fer, de champs, de magasins, de ponts, de plages, d'immeubles et autres maisons de ferme se confond, friable, aux débris que le ciel emporte - pluie, vent de sable, cendre. C'est ici, sur ces pages couleur de plomb, où tout s'épuise, que le père explique au fils qu'il ne pourra plus lui apporter de réponse. Manu Larcenet, tout en revendiquant une absolue fidélité au texte originel, déleste son propre tissage de toute forme d'espérance. C'est suivre les racines mêmes des mots "road" et "route", le premier renvoyant à l'idée d'une attaque, le second à celle d'une brisure. "La Route" par Manu Larcenet, soit l'image ciselée d'un combat intenable face à la mort.