Hamlet n'est pas seulement le héros d'une tragédie immense, c'est aussi une des pièces majeures de l'histoire du théatre mondial. Mais derrière Hamlet, se profile l'ombre de l'histoire personnelle de Shakespeare, celle de son fils Hammet et de sa soeur Judith, germes d'un roman familial qui transparait dans l'intrigue grâce à des indices discrets disposés à des points stratégiques de la pièce. La tragédie d'Hamlet nous touche - Freud l'avait déjà compris - parce qu'elle met en scène, de façon plus complète que la célèbre pièce de Sophocle, l'ensemble du complexe d'OEdipe. Pourtant si elle nous stupéfie et nous émerveille, nous intrigue et nous ravit, c'est parce qu'elle met aussi en scène la dialectique de la représentation. André Grenn analyse l'extrarodianire emboîtement des représentations mises en oeuvre dans la pièce, celles qui habitent l'esprit du héros, celles que la scène montre et suggère, celles qu'elle induit chez le spectateur. Hamlet fournit comme une première théorie en acte de la représenation théâtrale. Mais c'est parce qu'il a mis en scène son propre drame, son propre roman familial, que Shakespeare a pu aller aussi loin. Rien de réducteur dans cette affirmation: construire de l'immortel avec son propre drame, c'est aussi entrer dans l'étrange alchimie de la création qui conduit à rejoindre l'universel.