On la surnomme la « pieuvre », pour sa capacité à s'infiltrer dans toutes les strates de la société. Associée à l'Italie dans nos imaginaires, la mafia est une source inépuisable de fictions. Mais qu'elle s'appelle Cosa Nostra, Camorra ou 'Ndrangheta, elle est surtout une réalité qui gangrène la péninsule. Face à elle, refusant les intimidations et bravant l'omerta, la lutte antimafia ne baisse pas les bras. Pour que le crime ne paie plus, la justice italienne frappe désormais au portefeuille. Et la pieuvre réplique, preuve qu'elle est piquée au vif.

Alors que vient de démarrer le procès des tueurs présumés de la milliardaire monégasque, son fils, Gildo Pallanca Pastor, se confie.

Plus d'un milliard d'euros, c'est la somme que brassent chaque année les trafiquants de cannabis en France. Alchimistes du marché de la drogue, ils sont passés maîtres dans l'art de changer l'herbe et la résine en or. Mais une fois la marchandise écoulée, comment rendre l'argent sale plus blanc que blanc ? En s'appuyant sur un réseau d'intermédiaires déployé sur trois continents. De l'Inde au Maroc, des petites mains de Seine-Saint-Denis aux évadés fiscaux des beaux quartiers parisiens, le circuit du blanchiment traverse des mondes que tout oppose. Impunément ?

Moins elle se fait remarquer, plus ses affaires prospèrent. «Elle», c'est celle que l'Etat français appelle parfois «mafia», ce que la justice préfère nommer «grand banditisme». Moins présente dans les médias ces dernières années, elle a aussi dégringolé dans les priorités politiques, éclipsée par le terrorisme. Mais il faut se méfier de l'eau qui dort. Au détour d'une affaire qui pourrait passer pour un simple fait divers, bandes rivales, parrains et hommes de main refont surface.

« Narcoterrorisme ». Le mot évoque Pablo Escobar, les cartels et les barons de la drogue. Depuis quelques années, il désigne surtout l'alliance des deux fléaux auxquels le pouvoir américain a déclaré la guerre : les stupéfiants et le terrorisme. De fait, de la Colombie à l'Afghanistan en passant par le Liban, la drogue sert de source de financement à certains groupes armés. Pour tarir cette manne, les grands moyens sont déployés. Opération Cedar, opération Cassandra... Des missions aux noms mystérieux et leurs agents infiltrés s'attaquent au nerf de la guerre : l'argent des stupéfiants.