Dans le Landerneau des dessinateurs hexagonaux, Joël Alessandra est un personnage qui sort de l'ordinaire. A la différence de ses coreligionnaires qui vivent enchaînés à une table à dessin, il a choisi très tôt de couper ce cordon ombilical afin de transformer le monde qui l'entourait en boîte à idées pour y piocher l'inspiration. Individu pragmatique, cet adepte du whisky écossais a toujours quelque chose à offrir aux gens et aux objets qui comptent pour lui.

A une époque où il faut de tout pour faire un monde, deux jeunes Canadiens passionnés d'histoires fantastiques ayant trait au monde du numérique se sont mis à les raconter sur leur podcast afin de susciter moult débats auprès des auditeurs enquêteurs. De fil en aiguille, cette suite de récits étranges est devenue un livre illustré par RUN, un des dessinateurs de "Mutafukaz", au grand étonnement de leurs auteurs qui n'avalent jamais imaginé la chose imprimée. A la faveur d'une rencontre à la Coupole.

Face au pragmatisme économique, le dessinateur Juanjo Guarnido ("Blacksad") et le scénariste Alain Ayroles ("De cape et de crocs") ont décidé de prendre la crise à contre-pied en misant tous leurs jetons sur la case "aventure déjantée" , avec leur nouvelle BD "Les Indes fourbes", dont le héros est définitivement le FDP toutes catégories de l'année. A une époque où la peau de chagrin est devenue le pain quotidien des auteurs de bande dessinée, les duettistes ont bien voulu nous expliquer pourquoi il ne faut jamais hésiter à se faire plaisir pendant les périodes de restriction.

En 1981, alors que les radios libres dansent le po go sur les ondes hertziennes, une étrange voix vient peupler les nuits de tous les noctambules de la capitale en lançant des invitations à venir faire la fête sans autorisation sur les pelouses du parc Montsouris. Cette voix, c'est celle d'un individu nommé Jean-Yves Lafesse. Tel est le début de la carrière d'un maître du canular qui officiera ensuite partout où l'humour l'appellera.

Dessinateur espagnol rare sur les étagères des libraires, Alfonso Zapico est tout sauf un manchot dès qu'il s'agit de dessiner une BD qui se laisse lire comme l'était "Café Budapest", sa dernière livraison hexagonale. Pour "Ceux qui construisent des ponts", le jeune homme s'est intéressé à la situation du Pays basque à travers un livre reportage autour d'une vedette de la chanson rock indépendantiste et un ancien député non indépendantiste victime d'un attentat.

Alors que l'industrie du disque est en train de chanter "Plus près de toi mon Dieu" sur le pont des premières classes du Titanic, Patrick Coutin revient au-devant de la scène avec une boîte à pizza remplie de trois galettes en vinyle aux visuels richement ornementés par la sainte-trilogie du graphisme que sont Tanino Liberatore, Hervé Di Rosa et Gilbert Shelton.

Journaliste radio spécialisée dans les sujets sensibles, Inès Léraud a passé plusieurs années en Bretagne pour mieux comprendre le danger causé par la prolifération des algues vertes. Si le problème peut paraître lointain, des gens et des animaux en sont vraisemblablement morts sans que les pouvoirs publics ne soient en mesure de proposer la moindre queue de solution.

Alors qu'un temps à bleuir les pingouins s'est installé sur la capitale de l'Hexagone, Terry Moore en profite pour observer l'agitation parisienne du haut d 'un immeuble bordant la place de la République. En pas tout à fait trente ans, le Texan a déjà connu plusieurs vies avant de trouver chaussure à son pied en se mettant à la bande dessinée presque du jour au lendemain. Créateur en un rien de temps de la série fleuve "Strangers in Paradise", il signe également "Rachel Rising" et "Motor Girl", deux BD qui peuvent aussi servir de miroir à une société pas au mieux de sa forme.

Après Rembrandt Typex s'intéresse au roi du pop art, Andy Warhol un artiste atypique et imprévisible.

Alors que le monde de la musique continue de tirer la langue. Sharleen Spiteri, chanteuse du groupe écossais multi-récompensé Texas, a accepté de recevoir "Les Arts dessinés" pour parler d'autre chose que de son nouveau disque et autres projets de tournées annulées. Entre une interview pour un magazine de musique et une autre pour une grande chaîne cryptée, les exotiques de la journée démarrent fort en demandant des autographes et des photos-souvenirs avec la dame.

Alors que le prix moyen d'une BD vendue en Suisse avoisine celui d'un produit énergétique en vogue dans la jet set, le pourcentage de dessinateurs locaux susceptibles de rafler le grand prix d'Angoulême commence à devenir sérieusement inquiétant depuis la désignation de l'auteur de Jonathan en janvier 2017 pour la blague de l'année. Spécialiste du grand écart stylistique doublé d'un vrai sens du coq à l'âne, Bernard Casey nous révèle les meilleures facettes de son humanisme naturel.

L'époque manque cruellement d'individualités qui sortent de l'ordinaire. Pourtant, c'est dans le monde autiste de la bande dessinée qu'il est possible de dénicher un individu hors normes qui réfute l'idée même d'être une possible nouvelle forme d'intelligence éclairée. Il est breton de l'intérieur des terres, mais dessine la mer comme si sa vie en dépendait. Amoureux de la nature, il n'hésite pas à parcourir le monde pour constater les ravages de l'homme, de Tchernobyl à Fukushima.

A la faveur d'une belle sortie groupée avant le Festival d'Angoulême, le scénariste stakhanoviste Rodolphe a bien voulu éclairer les lanternes de la rédaction de "dBD" quant à sa longue carrière ainsi que sur sa façon de voir les choses. Rocker dans l'âme et Breton taillé dans le granit, l'homme nous reçoit dans son univers de banlieue entouré de milliers de 45 tours et d'un juke-box en état de marche. Rock on !

A une époque où la mode est à Vigipirate, sortir une BD 1900 où les deux protagonistes de la maison bourreman sont des pochtrons finis doublés d'une belle paire d'incapables est un exercice plutôt osé. Quoi qu'il en soit, cette BD aussi poilante que bien faite risque aussi d'apporter beaucoup d'exercice à des zygomatiques toujours volontaires pour le grand écart maxillaire olympique. En attendant une prochaine déportation sur l'île du Diable, le scénariste Frédéric Bagères a bien voulu avouer quelques réponses pendant un interrogatoire qui ne pouvait qu'être musclé...

Sur les étals des vendeurs, la biographie dessinée semble être une affaire qui marche. Deux volumes dédiés respectivement à Philip K. Dick et Howard P. Lovecraft ont retenu notre attention. D'où ces quelques questions essentielles à Laurent Queyssi et Alex Nikolavitch, les deux scénaristes responsables des retours à la vie sur le papier de ces immenses auteurs de science-fiction.

Entre une lecture d'Hermann Hesse et le visionnage d'un film de Fritz Lang, l'auteur de "La Femme d'argile" a bien voulu nous éclairer quant à tout ce qui se bouscule dans sa tête dès qu'il s'installe derrière sa planche à dessin.

2015, coup de tonnerre à Angoulême avec l'attribution du 42e Grand Prix au Japonais Katsuhiro Otomo. Pour la première fois, un auteur de mangas se voit récompensé pour l'ensemble de son oeuvre. Sensiblement au même moment, le jeune Jim Bishop se lance dans l'aventure de la BD en publiant son premier ouvrage en autoédition. Coïncidence ? Certainement pas. Personnage attachant élevé à "Naruto", Jim Bishop est un autodidacte qui s'est davantage construit sur la dalle d'une cité du Neuf-3 que dans l'ambiance feutrée des pépinières à virtuoses du crayon qui fournissent le marché.

Il est des lectures qui font mal au portefeuille. Et c'est le cas de "Très chers élus", une enquête sur le financement des partis politiques menée de mains de maître par la cellule d'investigation de Radio France. En direct de Moscou, où il est correspondant. Sylvain Tronchet a bien voulu répondre à quelques questions inquiètes concernant la destination exacte de l'argent des impôts payés par le lectorat de "dBD".

Alors que la rentrée pointe son museau à l'horizon, cette joyeuse introduction est prête à jouer de la trompette pour claironner l'arrivée, le 10 octobre 2022, du premier timbre de la série Jeunesse émise par La Poste à l'effigie de Naruto afin de célébrer les 20 ans de la série animée et de l'arrivée du manga en France. C'est bien vu car si le public du manga lit, il écrit aussi. Bravo La Poste, Kurokawa vous dédie sa nouvelle série "Arsène Lupin".

Alors qu'un des festivals les plus importants de la planète Métal se prépare à ouvrir ses portes après deux annulations successives pour raisons sanitaires, le monde de la BD se demande comment la petite maison Rouquemoute a pu installer ses pénates dans la prairie Hellfest. Chauffée à blanc par tout un tas de questions brûlantes, la rédaction de "dBD" a tisonné les pieds de Maël Nonet au fer rouge afin qu'il vide son sac de pêchés en toute spontanéité.

Alors qu'un certain va-t-en-guerre s'autorise à casser l'ambiance en envahissant son voisin, les éditions Delcourt lancent une offensive de charme en direction de la Chine avec la collection « Les Futurs de Liu Cixin »,pour populariser dans l'Hexagone le plus grand auteur de SF de l'empire du Milieu. Pour ce faire, ce n'est pas moins de quinze nouvelles inédites qui ont été mises en cases par la crème de la BD internationale.

Il a failli passer l'arme à gauche. Raison de plus pour lui montrer que, quoi qu'il arrive, on n'oubliera pas son passage sur terre.

Si Robert Crumb a choisi le soleil de l'Hérault il y a une trentaine d'années, c'est sous la grisaille de Paris que son collègue ès-Presse libre des sixties Gilbert Shelton a préféré établir ses pénates. Figure emblématique d'une certaine Amérique contestataire, le dessinateur texan partage son temps entre le dessin, la musique et l'étude du dictionnaire franco-anglais, de loin, avec une longue-vue par temps de brouillard.

Le 28 avril2022, la ville de New York s'est réveillée avec un de ses plus grandioses habitants en moins : après une belle lutte contre la maladie, Neal Adams a définitivement fermé son carton à dessins. Figure incontournable du monde des comics, il aura oeuvré des deux côtés du mur de Berlin que sont DC et Marvel. De lui, ses admirateurs retiendront un artiste qui a fait entrer les super-héros de papier dans l'ère moderne en dépoussiérant le genre.

Né au pied de l'Etna, Giulio Macaione est en passe de devenir la principale agence de tourisme de l'île tant ses trois derniers romans graphiques sont autant de bonnes raisons d'aller visiter la Sicile. Après "Basilico" et "Étoile de mer", son dernier en date, "Sirocco", est une jolie histoire chorale où se mélangent les destinées de trois membres d'une même famille au moment de prendre la décision de leur vie. Entre doute et détermination, le dessinateur réalise-là une belle et douce séquence riche en mouvements non tectoniques avec des jeux d'acteurs garantis non volcaniques.

Passionné par la conquête spatiale et par l'histoire depuis sa tendre enfance, Alex Nikolavitch ne s'est pas fait prier longtemps dès que l'occasion d'investir la collection « Destin d'histoire » lancée par la maison d'éditions 21g. En une centaine de pages, il fait sienne la théorie d'Aristote sur la chute des corps pour démontrer qu'il n'y a pas grande différence entre un Spoutnik retombant sur Terre et la courbe de popularité d'une star déchue.

En 1993, dès la parution de sa première BD, "L'Enclave", le natif d'Agen Nicolas Dumontheuil pose les bases de son style : ce dernier se situera très exactement au milieu d'un croisement de routes qui mènent, selon les vents, vers le grotesque, l'absurde, l'humour noir et le pessimisme combatif. Depuis, et à chaque nouvelle parution, le dessinateur observe le petit monde de la BD se déchirant sur les contenus proposés.

Et si les gens n'étaient que le produit de leur propre imagination ? Partant de cette intuition, le scénariste Laurent Queyssi a imaginé toute une série de perturbations temporelles qui affectent bien comme il faut trois teenagers de l'an de grâce 1991. Véritable capsule temporelle venue d'une époque plus insouciante que la nôtre, ce premier tome d'une histoire prévue en trois démarre plutôt pas mal. Afin de tout comprendre de cette histoire entre SF et thriller, le limier de service s'est rendu à la Japan Expo pour rencontrer l'auteur et son complice-dessinateur Oriol Roig.

Sans Frank Frazetta, Julie Bell, Philippe Druillet ou Jeffrey Catherine Jones, la musculature d'Arnold Schwarzenegger et les décors démesurés du "Seigneur des anneaux" ne se seraient pas aussi facilement imposés sur le grand écran. Après des décennies d'attente. voici enfin une encyclopédie digne de ce nom qui rend un hommage de poids au genre dessiné le plus démesuré depuis les aventures de "Pim, Pam et Poum". Rencontre avec l'autrice de "Masterpieces of Fantasy Art", l'éditrice Dian Hanson.

En 2011, Bryan Talbot avait tout pour réussir à conquérir le public français avec "Grandville", une histoire mêlant avec talent l'atmosphère de la Belle Époque et de drôles de personnages anthropomorphes. Basée sur l'idée d'un Napoléon vainqueur à Waterloo et la défaite anglaise, "Grandville" avait beau rendre la campagne belge un peu moins morne, la BD ne rencontra pas le succès escompté. Quelque dix ans plus tard, à la faveur d'une nouvelle édition qui a su conquérir un nouveau public, l'auteur débarque à Paris en compagnie de Mary M.