Beethoven n'a que vingt ans lorsqu'il rencontre Joseph Haydn en 1790. Deux ans plus tard, le jeune compositeur rejoint alors les nombreux élèves du maître viennois mais, lassé de l'indisponibilité de son professeur et heurté par ses critiques, il ne tardera pas à interrompre les cours, déclarant amèrement quelques années plus tard : "je n'ai jamais rien appris de Haydn". C'est cette distance, cette différence de style et d'ambition entre Beethoven et son ancien maître, que l'on peut entendre dans cet enregistrement d'Olivier Cavé, pianiste suisse. Alors que la Sonate Hob. XVI:32 (1776) de Haydn se veut classique mais animée, la Hob. XVI:48, composée seulement quatre ans plus tard, est assagie, plus académique. Beethoven, lui, cherche à rompre avec ce classicisme, s'autorisant davantage d'expression et remplaçant dans sa Sonate n°2 le traditionnel menuet du troisième mouvement par un scherzo, témoignage de son esprit révolutionnaire. (Electre)

Après avoir redécouvert la musique de Giovanni Croce, maestro di cappella à la cathédrale Saint-Marc de Venise, les ensembles Voces Suaves et Concerto Scirocco nous emmènent à Salzbourg et mettent en lumière le compositeur Stefano Bernardi, né à Vérone et contemporain de Monteverdi. Bernardi atteignit le sommet de sa carrière à Salzbourg, quand il fut nommé premier Kapellmeister de la nouvelle cathédrale, poste qu'il occupa de 1628 à 1634. Il contribua grandement à l'intégration du nuovo stile italien à Salzbourg, en particulier de caractéristiques comme la polychoralité et le stile concertato, et peut donc être considéré comme l'ancêtre musical de musiciens salzbourgeois plus récents et plus célèbres. Son Requiem majestueux, dont le manuscrit est conservé dans les archives de la cathédrale de Salzbourg, témoigne de la carrure exceptionnelle de sa musique. La Sequentia est particulièrement impressionnante, qui forme le coeur de l'oeuvre et s'ouvre avec une section Dies irae élaborée, basée sur la fameuse séquence. Le Requiem ainsi qu'un certain nombre de motets de Bernardi sont enregistrés ici en première mondiale. (Electre)

Reger est considéré comme le dernier organiste romantique. Il demeure surtout célèbre par ses pages écrites pour son instrument et sa musique religieuse. Ecrit en 1915, son Requiem op. 144b est l'une de ses dernières compositions. Maintes fois il s'y est attelé sans pouvoir y réussir. Ce n'est qu'un an avant sa mort qu'il se jette à corps perdu dans sa composition pour l'immortalité. Il est aussi connu sous le nom Hebbel Requiem. Les paroles sont tirées du poème Requiem de Friedrich Hebbel. Der einsiedler est une oeuvre pour baryton et choeur publiée un an après la mort de Reger souvent mis en miroir avec le Requiem. En complément de programme, deux compositions post-romantiques, contemporaines de celles de Reger : les Rückert-Lieder de Mahler et le Psaume 23 de Zemlinsky. (Electre)

Heinrich Schütz composa Musikalische Exequien SWV 279-281 pour les funérailles de son mécène le Prince Heinrich Posthumus Reu? en 1635/1636. Une oeuvre d'une maturité artistique exceptionnelle : en dépit de la restriction de six à huit voix et d'un seul accompagnement de basse continue (orgue et violon), Schütz crée un véritable miracle musical. Les pièces d'ensemble sont les piliers de la composition. En contraste à cela, des passages madrigalesques de deux à trois voix éclairent le texte en détail et sont un témoignage vivant des séjours de Schütz en Italie. Les autres pièces de cet enregistrement sont elles aussi conçues pour une petite distribution et proviennent de recueils qui furent tous publiés pendant la guerre de Trente Ans : Psaumes de David I (op. 2, Dresde, 1619), Symphoniae sacrae II (op. 10, Dresde, 1647) et la Geistliche chor-musik (op. 11, Dresde, 1648). Tous se consacrent au thème de la mort et du salut et préparent émotionnellement et musicalement l'auditeur à l'ouvrage principal que sont les Musikalische Exequien.

Après un album remarqué autour des oeuvres pour piano de Sibelius, Leif Ove Andsnes enregistre pour la première fois un album dédié intégralement à Frédéric Chopin. Au programme, les 4 ballades, entrecoupées de 4 nocturnes les liants à merveille. Cet enregistrement est un rêve de longue date pour Leif Ove Andsnes, depuis qu'il les avait découvertes adolescent. Andsnes apporte à Chopin une sensibilité et une finesse dans son jeu incomparable. Sa première ballade combine une beauté éclatante et une technique intrépide mais jamais imprudente. (Electre)

Cet Oratorio pour solistes, chours, orgue et orchestre, est une ouvre concise qui embrasse toute la course de l'histoire occidentale en un livret fait d'un collage de textes empruntés à divers écrivains, des auteurs anonymes de l'Ancien Testament jusqu'à Nietzsche et Sloterdijk en passant par François d'Assise, Michelangelo et Schiller. Arche s'inscrit dans la tradition de l'oratorio pour mieux la transformer. Dans cet enregistrement réalisé lors de la première de l'ouvre donné en janvier 2017, Kent Nagano dirige de vastes forces orchestrales avec ce mélange de verve, de clarté et d'imagination si caractéristique de son style. (Electre)