En 1817, deux ans après la restauration de la Monarchie par Louis XVIII, la Cour assiste à l'exécution du Requiem de Cherubini à la mémoire de Louis XVI, tandis qu'on saisira l'occasion des trente ans de la mort de Marie-Antoinette (1823) pour faire jouer la Messe des morts de Charles-Henri Plantade en sa mémoire. Berlioz vient d'arriver à Paris, et c'est au même moment que meurt Napoléon, en exil sur l'île de Sainte-Hélène. En 2015, le Château de Versailles présente ces deux oeuvres au cours d'un même concert. Si le Requiem de Cherubini, composé pour choeur mixte et orchestre, mais sans soliste, est bien connu, le Requiem de Charles-Henri Plantade, qui a la même forme, est une découverte totale. Il offre un pont saisissant entre les modèles de l'Ancien Régime et le premier Romantisme en faisant preuve d'une richesse et d'une inventivité qui fait penser à Méhul, Cherubini et même Rossini. Exhumé par le Palazetto Bru Zane, cet ouvrage est ici enregistré pour la première fois. Grand spécialiste de la musique française et des grandes formes sacrées, Hervé Niquet donne toute la mesure de ces deux oeuvres, enregistrées dans la Chapelle Royale, qui viennent enrichir la collection Alpha / Château de Versailles. (Electre)

Après deux exécutions en 1897, lOctuor de Charles Martin Loeffler na plus jamais été joué. Mais grâce aux recherches et à la ténacité de Graeme Steele Johnson, un jeune clarinettiste aux multiples talents, une série de concerts et un tout premier enregistrement mondial ont été réalisés. Loeuvre est une merveilleuse découverte, mêlant la chaleur brahmsienne et lharmonie impressionniste, à limage des racines allemandes et françaises du compositeur américain. Dans cet enregistrement, lOctuor illustre la musicalité délicate et lunivers sonore unique de Loeffler. Déminents musiciens se joignent à cette aventure passionnante par laquelle une redécouverte vient enrichir notre paysage musical. Le programme souvre avec un arrangement de Graeme pour ensemble de chambre du célèbre Prélude à laprès-midi dun faune de Debussy, une page empreinte du symbolisme poétique cher à Loeffler. Pièce peu connue de ce dernier, loeuvre éponyme de lalbum Timbres oubliés sert de conclusion.

Après un premier enregistrement chez Alpha consacré à Brahms qui a reçu tous les éloges, voici le duo réuni à nouveau pour un autre sommet de la musique de chambre : Schubert, avec la fameuse Sonate Arpeggione - du nom de cet instrument tombé en désuétude à mi-chemin entre la guitare et le violoncelle - et le non moins fameux Trio n°2 D. 929 rendu encore plus célèbre par le film de Stanley Kubrick, Barry Lindon. Pour cette pièce, le duo est rejoint par une grande musicienne avec laquelle ils aiment jouer, Antje Weithaas, une des pédagogues les plus recherchées par la jeune génération. (Electre)

Malgré leur nom à consonance hollandaise, le quatuor fondé par Nicolas Van Kuijk en 2012 est bien français. Mais sa carrière est internationale. Lauréat du concours Wigmore Hall en 2015, Premier Prix et Prix du public à Trondheim en Norvège, artistes BBC New Generation jusqu'en 2017, le Quatuor Van Kuijk a également été repéré par l'Académie du Festival d'Aix en Provence. C'est dans le cadre de son partenariat avec Alpha Classics, qu'il a enregistré ce programme Mozart. C'est évidemment le compositeur idéal pour faire le lien entre la musique de chambre et la raison d'être du Festival d'Aix, l'Opéra. Ce programme mélange un divertimento aux sonorités malicieuses du jeune Mozart de 1772 aux quatuors composés vers 1782 dont le fameux quatuor Les dissonances au début si théâtral. (Electre)

Bobby Mitchell, "lauréat Alpha" du mythique concours de Bruges, propose pour son premier disque un programme consacré à Joseph Haydn. Son interprétation, à la fois juvénile et fondée sur de solides recherches musicologiques, nous fait redécouvrir tout l'humour, mais aussi la profondeur de sentiments de Haydn. Elle indique une personnalité musicale hors du commun, en même temps qu'un pianiste absolument remarquable. Bobby Mitchell s'inscrit pleinement dans la volont é d'Alpha de témoigner du talent de jeunes artistes et de les accompagner dans leur développement ; une manière pour le label de contribuer à l'avenir des "musiques anciennes".

Pour la deuxième fois, Philippe Herreweghe nous présente sur le label Phi quatre cantates de Bach écrites durant la première année que le compositeur passa à Leipzig. Par rapport au répertoire écrit à Weimar, l'instrumentarium est élargi, pour s'adapter à la taille des églises Saint-Thomas et Saint-Nicolas. Mais, surtout, la virtuosité instrumentale est bien plus importante, tout comme les exigences vocales auxquelles sont confrontés les choeurs et les chanteurs solistes, alors formés par Bach lui-même.

Les Lachrimae or Seven Teares de John Dowland forment l'un des chefs-d'oeuvre de la littérature anglaise pour viole. Le consort de violes Gambe di Legno est l'un des meilleurs ensembles du genre en Angleterre. L'ensemble Paolo Zuccheri, Francesco Galligioni et Francesco Baroni, s'est étendu au cours des années aux chanteurs, instrumentistes et choeur.

Il est surnommé "le poète du piano", qualificatif que chacune de ses apparitions en concert ou en enregistrement confirme. Nelson Goerner est à la tête d'une imposante discographie mais il aborde pour la première fois Beethoven en enregistrement : il choisit Hammerklavier, une oeuvre sans équivalent par sa dimension, sa complexité et sa profondeur... Mais celui dont un journal de Buenos Aires avait loué lors d'un récital au fameux Théâtre Colon "la faculté à conjuguer une lucidité intellectuelle, une indéniable profondeur et une facilité technique qui lui permet d'exprimer ses idées" n'est-il pas le parfait interprète du monument ? (Electre)

Toujours soucieux de s'engager aux côtés de jeunes musiciens talentueux dans le développement de leur carrière professionnelle, Outhere Music est depuis plusieurs années le partenaire du Concours International Musica Antiqua de Bruges et offre ainsi un enregistrement à l'un des lauréats. Lors de la finale 2014, son dévolu s'est arrêté sur le jeune flûtiste Jan Van Hoecke, qui a convaincu par son jeu expressif et sa palette sonore inventive et colorée. Interprète passionné et passionnant de la musique ancienne et baroque, le musicien nous propose une transcription pour flûtes à bec et clavecin ou pianoforte des Sonates en trio pour orgue BWV 525 et 527 à 530 de Jean-Sébastien Bach. Son talent est encore souligné par celui de Jovanka Marville - elle-même ancienne lauréate du concours. Avec une maîtrise certaine de leur art, toujours au service de la musique, ils vous invitent à un voyage captivant, et apportent un nouvel éclairage à ces chefs d'oeuvre du maître de Leipzig. (Electre)

Maude Gratton, organiste et claveciniste de talent, est une artiste en perpétuelle recherche de perfection : diplômée du CNSM de Paris, elle s'est formée auprès de grands maîtres tels que Pierre Hantaï au clavecin et Louis Robilliard à l'orgue, mais aussi Olivier Baumont, Blandine Rannou, Kenneth Weiss, Michel Bouvard, Olivier Latry, ou encore Olivier Trachier. C'est tout naturellement que Philippe Herreweghe, soucieux de mettre en avant le talent de jeunes musiciens prometteurs, l'a invitée à enregistrer un album dans la collection des "Amis de Phi". Dans ce disque, la jeune organiste nous emmène sur le terrain idéal pour la démonstration de son art, et nous présente un panorama intelligent des oeuvres pour orgue de Jean-Sébastien Bach. (Electre)

Lorenzo Gatto est un violoniste et un artiste singulier. Lauréat de grands concours internationaux, sa carrière de soliste semblait devoir emplir toute son activité de musicien. Il a cependant constamment maintenu son intérêt pour d'autres chemins musicaux, en particulier l'activité de son ensemble Trilogy, qui s'échappe loin derrière les frontières de la musique classique. Cet enregistrement du Concerto et des Romances de Beethoven est donc une forme de retour aux sources, mais aussi le témoignage d'une belle rencontre avec l'orchestre de chambre Pelléas et son chef, Benjamin Levy, désireux ensemble d'exprimer l'essence et la modernité de ces chefs d'oeuvre.

Il apparaissait naturel que Le Poème Harmonique, qui a déjà enregistré certaines des plus grandes pages du répertoire sacré du 17ème siècle français, contribue à la Collection Versailles d'Alpha en donnant sa vision des Leçons de ténèbres de François Couperin. Il y adjoint une oeuvre aussi magistrale qu'oubliée : le Miserere de Louis-Nicolas Clérambault. Les Leçons de ténèbres ont été écrites par Couperin pour les liturgies de la semaine sainte de 1714, à l'Abbaye de Longchamp. Elles reprennent le texte des Lamentations de Jérémie, issu de l'Ancien Testament où le prophète déplore la destruction de Jérusalem par les Babyloniens. Dans la tradition catholique, elles symbolisent la solitude du Christ abandonné par ses apôtres. Isabelle Druet, Hasnaa Bennani, Claire Lefilliâtre et Vincent Dumestre nous livrent une interprétation où l'affect est bien sûr au service d'une rhétorique propre à cette époque et à ce répertoire, mais laisse toute sa place à la beauté lyrique de ces oeuvres.

Utilisant un instrument rare et original construit en 1730 par Giovanni Maria Anciuti (le plus remarquable facteur d'instrument à vent actif en Italie durant la première moitié du XVIIIe siècle), Alfredo Bernardini nous offre une anthologie de référence des concerti vénitiens baroques pour hautbois, allant des plus connus comme le concerto de Marcello - l'un des concerti pour hautbois le plus joué du répertoire - jusqu'à de vraies raretés comme celui de Bigaglia, enregistré ici pour la première fois.

Ce coffret est un voyage au coeur du tango ; aussi l'occasion de se convaincre, si besoin était, de l'importance de cette musique et de toute la singularité d'un langage qui traverse les styles et trouve une profonde résonance en nous. Ce coffret constitue en fait un quadruple portrait du tango car regroupant quatre enregistrements issus du catalogue d'Outhere Music, eux-mêmes réalisés par quatre ensembles différents : le Quatuor Caliente, l'Ensemble Contraste, l'ensemble Astoria et le duo formé par le violoncelliste François Salque et l'accordéoniste Vincent Peirani.

Philippe Herreweghe et son Collegium Vocale Gent présentent le troisième projet pour Phi axé autour de la musique vocale de la Renaissance. C'est le compositeur anglais William Byrd (1540-1623) qui est cette fois à l'honneur. Le titre du projet fait référence au motet Infelix ego de Byrd, l'une des plus grandes énonciations artistiques du 16ème siècle. Son texte est une méditation sur le psaume 50, rédigée par le dominicain Girolamo Savonarole, homme remarquable qui mena à Florence une campagne contre la famille corrompue des Médicis. Ce texte remarquable, qui prend la forme de plusieurs assertions et questions rhétoriques, décrit toutes les émotions ressenties par une âme en supplice - culpabilité, crainte, gêne, colère mais surtout le don de la délivrance à l'acceptation de la miséricorde du Christ. Byrd semble avoir ressenti un lien émotionnel fort avec les paroles. Le Collegium Vocale Gent nous présente aussi la Messe a 5 voix et une sélection de motets de Byrd, ainsi que Peccantem me quotidien a5 de Alfonso Ferrabosco et Miserere mei a 5 de Philippus de Monte.

Quand il s'agit de musique moderne Het Collectief est l'un des meilleurs ensembles européens. Pour leur sixième disque chez Outhere et leur premier chez ZZT, l'ensemble revient aux racines du répertoire moderne. Avec la soprano Katrien Baert, ils interprètent les Sieben frühe Lieder de Berg, les Maeterlinck Gesänge de Zemlinsky et la Passacaille de Webern. Mais comment interpréter cette musique qui était écrite pour orchestre ou piano, avec un ensemble de chambre ? Il faut trouver des transcriptions ! Heureusement, Reinbert de Leeuw, chef d'orchestre, pianiste, compositeur, pédagogue, fondateur du fameux Schönberg Ensemble et personnalité éminente de la musique contemporaine, a arrangé ces oeuvres. Et la cerise sur le gâteau : Het Collectief joue ces arrangements sous la direction de... Reinbert de Leeuw himself ! (Electre)

A l'occasion de l'anniversaire C.P.E. Bach, Zig-Zag Territoires regroupe les principaux enregistrements de son catalogue consacrés à des oeuvres de musique de chambre et à des concertos de Carl-Philipp-Emanuel Bach et de son père Johann Sebastian Bach. Du père, on peut notamment entendre les sonates pour violon et clavecin, les sonates pour viole de gambe et clavecin, les concertos pour violon... Du fils, on peut notamment écouter les sonates en trio pour deux flûtes égales et continuo et les sonates pour violon et pianoforte. (Electre)

Le programme de cet enregistrement nous transporte dans la Chiesanuova qui fut, en 1600, le lieu de création du premier opéra spirituel, La Rappresentatione di Anima e di Corpo de Cavalieri. C'est dans ce contexte de pionniers que se place le programme imaginé par InAlto. Parmi les manuscrits qui ont fait partie de la bibliothèque de cette église se trouve une source anonyme datant probablement du tout début du XVIIe siècle, qui contient un cycle complet de sept psaumes, appelés depuis saint Augustin "Psaumes de la pénitence". Cette partition romaine est absolument unique en son genre puisqu'elle est monodique et donc écrite dans le style du recitar cantando. InAlto propose ici une mise en contexte unique de ce répertoire du début du XVIIe siècle en recréant, dans la tradition des « exercices spirituels » typiques des oratoriens, un possible rituel se déroulant dans les jours qui précèdent la Semaine sainte, dans lequel chacun des psaumes de pénitence prend tout son sens. Les dissonances les plus étranges de ce manuscrit bouleverseront l'auditeur. (Electre)

Dans cet opus consacré au poème symphonique, Emmanuel Krivine et l'Orchestre Philharmonique du Luxembourg réunissent deux des plus grands compositeurs du genre. La petite sirène suit la narration d'Andersen. Cette oeuvre a, dit-on, été le moyen pour Zemlinsky d'exorciser son chagrin après qu'Alma Schindler, qu'il aimait follement, ait décidé d'épouser Gustav Mahler. Richard Strauss porta d'une certaine manière à son comble le style du poème symphonique. Ainsi, Les joyeuses facéties de Till l'Espiègle, qui font revivre l'univers d'un personnage de la littérature d'Allemagne du Nord - saltimbanque censé avoir vécu au Moyen Age - transcendent le genre par une verve orchestrale et mélodique, et un renouvellement constant de la forme elle-même. Partition romantique des plus virtuoses, cette oeuvre sarcastique qui s'en prend aux conventions bourgeoises consacra le succès international du compositeur. (Electre)