Fin de la guerre, Antigone, fille d'Oedipe et de Jocaste, perd ses deux frères, Polynice et Éteocle, qui se sont entretués. Bravant l'interdiction de Créon pour offrir une sépulture à Polynice, son frère qui a été déclaré traître à la patrie, Antigone est condamnée à une mort lente dans un tombeau de pierre. L'interposition du Choeur, d'Ismène, la soeur d'Antigone, de Hémon, le fiancé d'Antigone et fils de Créon, du devin Tirésias, n'y font rien.

Jacques Nichet dissocie le texte de la psalmodie. Une nouvelle tentative dans une longue histoire de la représentation de la tragédie.

« Dom Juan » de Molière par Jean-Pierre Vincent au Théâtre éphémère de la Comédie-Française, « Britannicus » de Racine par Jean-Louis Martinelli à Nanterre-Amandiers, « Antigone » d'Anouilh par Marc Paquien au Vieux-Colombier : avant même les grands spectacles du Festival d'Automne, l'ouverture de saison offrait le plaisir, pour les familiers du répertoire, de retrouver, sous un jour nouveau, de grandes figures connues et, pour les autres, de vraiment découvrir des pièces grâce à des mises en scène respectueuses du texte.

Refuser d'obéir aux lois serait l'une des voies les plus assurées pour établir la démocratie réelle, celle dans laquelle nous vivons n'en présentant que les apparences trompeuses. La désobéissance civile serait inévitable dans un monde en proie à la mondialisation libérale dont nos gouvernants seraient les complices. Elle serait légitime car, non violente, elle assurerait la défense de principes supérieurs.

Dans un débat philosophique portant sur les "politiques de la dignité", toute irruption du théâtre tragique grec peut sembler intempestive, tant le théâtre et la philosophie s'opposent par nature. Le premier est fiction ; la seconde est une science, la mère des sciences. Or une telle irruption, même intempestive, ne serait pas sans intérêt. C'est le postulat détaillé par Kouamé Gérard Yao, enseignant chercheur spécialisé dans l'esthétique théâtrale et les théories philosophiques du théâtre. Pour sa démonstration, il prend appui sur "Antigone", par Sophocle.

Une adolescente rebelle ? Plutôt le comble de la maturité. Même Jean Anouilh, dont le centenaire est cette année passé inaperçu, reste dans l'ombre de cette idole écrasante.