Fondée sur des archives brésiliennes et étrangères, cette étude rend compte de l'antisémitisme des gouvernements brésiliens entre 1933 et 1948. En effet, différentes circulaires interdirent l'entrée des Juifs au Brésil pendant cette période. L'auteure analyse notamment l'inaction criminelle et l'insensibilité des politiques et des diplomates brésiliens sur la question.

S'il n'a pas inventé les « Sémites », Ernest Renan en est sans doute le majeur théoricien au XIXe siècle. Dans sa vision, les Sémites fondent la civilisation occidentale avec les « Aryens », mais ils y apportent uniquement le monothéisme car ils ne possèdent ni mythologie, ni art, ni philosophie, ni raison, ni science. Fondé sur des manuscrits inédits, le livre suit l'évolution sinueuse et contradictoire de cette catégorie capitale de la pensée renanienne, de l'« atelier des langues », où elle se cristallise dans une vision essentialiste, à l'« atelier des religions », d'où elle sort enrichie, en s'ouvrant sur de multiples perspectives philosophiques, religieuses et politiques. Montrant par quelles voies la catégorie rentre dans la construction des préjugés raciaux et comment elle arrive à se libérer, en partie, des contraintes déterministes, l'ouvrage avance une nouvelle interprétation du paradoxe des « deux Renan » – l'« antisémite » et le « philosémite » – que la critique a toujours cherché à comprendre et composer.

Marie-France Rouart, professeur de Littérature comparée à l'université de Nancy est agrégée de Lettres et l'auteur d'une thèse soutenue à Paris IV-Sorbonne. Elle s'est spécialisée dans la mythocritique à la suite de ses recherches sur les mythes au XIXe siècle, et de deux de ses publications en particulier : Le Mythe du juif errant (José Corti, 1988), et Le Crime rituel ou le sang de l'autre (Berg International, 1997). Elle a également écrit de nombreux articles sur la littérature et les mythes, et collaboré ainsi à plusieurs ouvrages collectifs, français ou étrangers, à des revues et à des Dictionnaires, tout en participant aux équipes de recherche en Littérature générale et comparée (SFLGC).

A partir de sources inédites, dossiers d'épuration, fonds privés et entretiens avec d'anciens fonctionnaires de Vichy, l'auteur tente de saisir les mécanismes et les logiques de la politique antijuive telle qu'elle a été appliquée dans les bureaux de l'administration française entre 1940 et 1944.