Quelle famille ! Depuis plus d'un siècle, à mi-chemin entre la mythologie antique et le scénario de Dallas, les Wagner cumulent tout : argent, pouvoir, politique, amours, haines...

Sur la colline sacrée et sous un soleil de plomb, la reprise du "Ring" absurde de Frank Castorf est sauvée par des musiciens exceptionnels. Et Christian Thielemann illumine "Tristan".

Créé peu après la guerre franco-prussienne de 1870, cet événement totem de l'opéra wagnérien qu'est le Festival de Bayreuth fut le point d'horizon du wagnérisme et de l'anti-wagnérisme ayant parfois arbitré, en France, le goût national. Mais la fascination artistique est plus forte que la rivalité politique, et toujours les Français ont passionnément suivi et nourri le Festival - ses équipes artistiques autant que son public.

Depuis bientôt 140 ans, la famille Wagner régit le Festival de Bayreuth et ses affaires, qu'elles soient artistiques, économiques ou politiques : fondé par Richard Wagner et intégralement consacré à son oeuvre, le Festival a été dirigé successivement par le compositeur lui-même, son épouse Cosima, leur fils Siegfried puis leur belle-fille Winifred, leurs petits-fils Wieland et Wolfgang, et l'est aujourd'hui conjointement par leurs arrière-petites-filles Eva et Katharina. Histoire d'une dynastie.

« Diriger Wagner à Bayreuth » est l'une des reconnaissances suprêmes du métier de chef d'orchestre, un peu comme diriger Verdi à La Scala ou Mozart à Salzbourg. Il faut à la fois s'inscrire dans l'histoire de l'interprétation wagnérienne, dans celle d'un festival à l'empreinte forte, et s'acclimater à l'architecture singulière du Bayreuther Festspielhaus. Portrait de groupe des élus... et des autres.