Thierry Beinstingel prolonge la vie de Rimbaud en imaginant un quiproquo à l'hôpital entre le poète agonisant et un patient qui vient de décéder.

En France, divers auteurs contemporains ont tenté de saisir les anciens et les nouveaux visages des sans-voix.

Les mots sauvages n'entrent pas dans la ″procédure″. Ils échappent au canevas que l'on a donné au téléopérateur, cette figure anonyme ou absente que l'on imagine à peine derrière son casque. Eric est dans ce roman le pseudonyme de ce ″nouveau″. Autre nom, absence de corps : le travail d'aujourd'hui, comme la politique, est affaire de langage. Comme la littérature aussi, qui rend leur sens aux mots.

″Ile déserte″, ainsi l'entend un pompiste à l'ancienne d'une petite ville de France dans laquelle ″l'ancêtre″, l'un des deux héros, prend de l'essence. ″Ils désertent″, disait à propos de vacanciers hollandais cet ″ancêtre″, représentant de commerce dont on suit le parcours, en parallèle à celui de la jeune femme chargée de le chasser de l'entreprise. L'homophonie peut servir de leitmotiv au roman.

Suicides à France Télécom, plans sociaux dans la presse, drames du management moderne : après Houellebecq et Vigan, trois romanciers décrivent le monde kafkaïen du travail.

Est-ce la proximité avec Langres, ville natale de Diderot ? Toujours est-il que "Faux nègres", le dernier roman de Thierry Beinstingel, a quelques vrais airs de parenté avec un certain roman autour de Jacques et de son maître, qui s'amuse avec le genre et le met en question.