"Ma mère ressemble à Victoria Beckham, espèce de grosse vache !" Décochée par une gamine de la banlieue londonienne - qui pourrait bien s'apparenter à la réalisatrice elle-même -, à la face d'une voisine qui menaçait d'appeler les services sociaux, la punchline inaugurale de "Wasp" (2003) semble contenir tout le cinéma d'Andrea Arnold. Un style réaliste, nerveux et désenchanté qui lui a valu un Oscar avant même de réaliser son premier long-métrage, puis trois prix du jury au Festival de Cannes, pour "Red Road" (2006), "Fish Tank" (2009) et "American Honey" (2016). Un record.

Après la parenthèse américaine d'"American Honey" (2016), la réalisatrice de "Fish Tank" (2009) revient dans le Kent de ses origines. Son adaptation magistrale et austère des "Hauts de Hurlevent" (2011) et la radicalité de son documentaire, "Cow" (2021), nous avaient sidérés. Avec "Bird", Andrea Arnold choisit à nouveau un titre animalier, et confirme ainsi son attachement viscéral à la nature. Un autre de ses penchants est de toujours mettre en scène des femmes issues du sous-prolétariat, explorant leurs vies avec une grande humanité.