La Une de l'édition de Charlie Hebdo, parue une semaine après l'attentat qui a frappé sa rédaction en janvier 2015, pose une épineuse question : est-il possible de séparer la caricature du blasphème ? Complétant, sur les plans sémantique et sociologique, les analyses pragmatiques du blasphème proposées par Jeanne Favret-Saada, cet article aborde la tension entre le proche et la politique qui caractérise la caricature. La caricature peut en effet s'inscrire dans deux registres différents, celui, affectif, du proche et celui, critique, de la dégradation.

Un an après les attentats de janvier, les visages des victimes de Charlie Hebdo hantent toujours les esprits. Sur Public Sénat, un portrait élégiaque se souvient de l'économiste hétérodoxe Bernard Maris, dont la parole manque plus que jamais.

Des années 1960 jusqu'à ce tragique 7 janvier 2015, de « Hara-Kiri » à « Charlie Hebdo », des trublions dotés d'humour et de crayons ont repoussé les limites du rire, du bon goût dans une France corsetée par les interdits et le conformisme. Des provocations comme des pavés dans la mare de la bienséance, brocardant tous les pouvoirs - politique, religieux - sur fond de libération sexuelle. Retour sur plus de cinquante ans de création qui ont marqué l'évolution de la société française et de ses moeurs.

Face à la terreur, la véritable réponse a lieu sur le terrain. Sur tous les terrains, "Marianne" est allé à la rencontre de femmes et d'hommes qui font front.

Floutés. C'est ainsi qu'on été publiés dans la presse anglo-saxonne les dessins de "Charlie-Hebdo". Le journal satirique est un ovni aux Etats-Unis comme en Angleterre où s'attaquer à la religion reste un tabou.

C'était au siècle dernier. La gauche n'était pas encore caviar ni le syndicalisme ringard. Dans la foulée de 1968, des clowns libertaires se moquaient du monde à coups de crayons. Ils s'appelaient Cabu, Wolinski, Reiser ou Cavanna. Comme eux, "Charlie Hebdo" était l'enfant d'une époque, celle du MLF et des radios libres. Un "fanzine" potache et frondeur, dernier vestige d'un temps révolu.

Il n'avait que 24 ans quand il a commencé à défendre "Charlie Hebdo". Vingt-deux ans plus tard, Richard Malka est devenu un des avocats les plus influents du droit de la presse. Et reste le protecteur bienveillant de la bande.

Antiraciste, "Charlie Hebdo" était pourtant devenu la cible de nombreux rappeurs, un paradoxe qui témoigne combien l'islam est devenu un vecteur d'identité dans les cités.