Dans un Paris de théâtre, chaque coeur cherche l'amour mais ne rencontre que la neige. Beau et émouvant comme une étreinte.

Un tableau de crabe sur un mur, une affichette de Scarborough, un personnage invisible nommé Zambeaux : quelques signes extérieurs auxquels se raccrocher, et nous sommes bien chez Resnais. Une déclaration avant tournage selon laquelle les personnages seraient "des méduses poursuivies par un démon en forme de crustacé, qui parvient à les retrouver dans les fentes des rochers" (mais qui est le démon ?).

Inlassablement, Alain Resnais revient sur les thèmes qui hantent son oeuvre : la fuite du temps, les hasards de la vie, les paysages mentaux et les déterminations du comportement humain.

Dans les dernières lignes du livre qu'ils viennent de lui consacrer, Suzanne Liandrat-Guigues & Jean-Louis Leutrat annonçaient qu'Alain Resnais avait dû renoncer (on espère provisoirement) au tournage de l'opéra de Kurt Weill "Le Tsar se fait photographier", et que, afin d'utiliser les comédiens déjà mobilisés, il s'était rabattu sur la pièce d'Alan Ayckbourn "Private Fears in Public Places", adaptée en urgence par Jean-Michel Ribes.

Une pièce d'Alan Ayckbourn, auquel il avait déjà emprunté "Smoking / No smoking", est à l'origine de "Coeurs", son nouveau film. Alain Resnais, qui n'a jamais fait de différence entre théâtre et cinéma, raconte ici comment il travaille.

Avec "Coeurs", un film choral, grave et jubilatoire, Alain Resnais prouve que, à 84 ans, il reste le cinéaste de la modernité. Retour sur l'une des oeuvres les plus passionnantes du cinéma français.