Marcel Cohen est un écrivain rare. Entendons un écrivain qui ne publie pas un livre à chaque rentrée dite littéraire, dont les textes se caractérisent d'abord par leur brièveté et leur densité, et qui présentent, selon la définition du mot "rare", (dictionnaire "le Trésor de la langue française"), des "aspects remarquables et peu communs". Il est un écrivain juste, entendons, un écrivain qui, ainsi qu'il le suggère lui-même dans l'entretien qui suit, a un rapport à la vérité.

La publication simultanée de "Villes", recueil des trois premiers ouvrages de Marcel Cohen, de "Détails, II" et de ses écrits sur l'art, permet d'appréhender l'ampleur de l'oeuvre.

Marcel Cohen, connu pour ses volumes de récits si brefs qu'ils tenaient parfois en quelques lignes, nous offre aujourd'hui un livre uniquement composé de 293 citations, où, paradoxalement, rien n' est de lui : ni le prière d'insérer, signé par l'éditeur, ni même les quelques phrases de la préface, empruntées à une lettre du poète Wallace Stevens ! Et le tout aboutit à l'un des ouvrages les plus personnels peut-être de l'auteur...

Faudrait-il en passer par Maurice Blanchot et ce qu'il dit du neutre pour parler des "Faits" de Marcel Cohen ? Sans doute...

Depuis quinze ans que Marcel Cohen publie chez le même éditeur (Gallimard) ces recueils de "Faits", son lecteur a eu le temps de s'habituer à ces livres singuliers où une simple liste, aussi laconique qu'effarante, côtoie un récit dont la concision est telle qu'il tient en quelques pages à peine, voire en une seule, relaté dans un style neutre, sans émotion apparente ni commentaire particulier. Ce sont ces mêmes «faits» que l'on retrouve aujourd'hui dans «Détails», quatrième du genre...

Avec "Cinq Femmes", Marcel Cohen entreprend de restaurer, voire de réhabiliter la mémoire de quelques figures féminines sans lesquelles il ne serait pas devenu celui qu'il est aujourd'hui, cet écrivain aussi discret qu'essentiel.