Paradoxe : les nationalistes de Talamoni ont mieux compris la mise au point du Premier ministre que ses propres troupes. Rude rentrée : Chevènement menace de sortir et l'opinion assiste, ébahie, à la poursuite des attentats sur l'île.

Si le principal défenseur du processus, José Rossi, perd l'élection municipale, ce sont tous les accords de Matignon qui risquent d'être remis en question.

En refusant l'inscription du projet de loi sur la Corse au conseil des ministres, le président semblait décidé à l'affrontement. Son refus a duré... une semaine.

Le 24 juin 2014, le Front de libération nationale corse (FLNC) annonçait sa décision unilatérale d'enclencher un processus de démilitarisation et de normalisation progressive. Après le démantèlement des mouvements irlandais et basque, cette annonce signe la fin de la lutte armée en Europe occidentale. Mais pour Pierre Poggioli, responsable clandestin dans les années 1980, les solutions politiques restent bien incertaines.

Nommé pour "rétablir l'Etat de droit", le préfet de Corse a fini par heurter toute l'île, jusqu'au dérapage final. Comment, après avoir longtemps cherché à composer avec le nationalisme, les socialistes ont-ils choisi la voie inverse en 1997 ? Histoire d'une volte-face bien intentionnée.

Un préfet limogé, des officiers de gendarmerie en prison, une unité spéciale dissoute, le Premier ministre obligé de clamer son innocence : la "bavure" de Cala d'Orzu risque de ruiner les efforts de rétablissement de l'autorité de l'Etat en Corse.

Le Président de l'Assemblée territoriale a, seul parmi les élus de la droite, soutenu sans réserve l'initiative de Jospin. Un coup de poker. Mais qui peut faire de lui le premier roi de Corse.

Jacques Chirac n'avait pas de mots assez durs pour le processus de Matignon. Son ministre de l'Intérieur en a gardé l'esprit sinon les modalités.

"Tous inutiles !" : c'est le nouveau slogan qui a remplacé le "tous pourris !" cher aux continentaux. Malgré les résultats encourageants du rétablissement de l'Etat de droit, c'est un peuple de déçus qui, pour la première fois, s'apprête à voter sans passion.