Les années 1890-1950 constituent un moment original de l'histoire de la littérature française, qui voit la curiosité pour l'autre se mêler au désir de repenser l'ordre du monde et de défendre une construction identitaire faisant de l'assimilation prudente et mesurée des influences étrangères, la spécificité d'une France idéale.

Les réappropriations dont la notion de littérature mondiale a fait l'objet ne peuvent être assimilées à des sortes de faux départs négligeables. De Weimar à New York, en passant par Petrograd et Istanbul, de Marx à Moretti, en passant par Gorki, Auerbach ou Said, cet ouvrage relate les métamorphoses d'une ambition tour à tour cosmopolite, militante, éducative, humaniste et critique.

En proclamant les romanciers du monde entier "citoyens de la nation nommée Roman", C. Fuentes dit la volonté, commune à tant d'écrivains depuis 1960, d'en finir avec les définitions nationales de la littérature. L'universel en littérature est ici questionné : s'il est un projet, ce sont pourtant les remous des histoires nationales qui modèlent ces romanciers écrivant contre elles.