4ème de couv. : L'utopie du libertinage est celle d'une liberté absolue, tant intellectuelle qu'affective ou sexuelle. Déjà sous l'Ancien Régime, il s'agit d'un libertinage imaginaire : la liberté des moeurs ne s'épanouit que dans la littérature. Refus de toute norme, le libertinage échappe aux définitions. Le libertin s'installe dans l'entre-deux, entre interdit et transgression, rêve et réalité. Il associe discrétion mondaine et crudité pornographique, liberté de parler, d'aimer, et respect des contraintes de la société. Ce livre propose une esthétique du quotidien qui trouve aujourd'hui une nouvelle actualité dans le retour menaçant du moralisme ou dans la réduction de l'aventure amoureuse à la pornographie marchande. Ainsi nos idées du masculin et du féminin, du désirable et du grotesque sortent-elles transformées de cette traversée du XVIIIe siècle, entre Régence et Révolution.

C'est de sa profonde connaissance des Lumières et du romantisme que Hans Mayer tire le propos des Marginaux, où il explore trois figures littéraires de la "marginalité existentielle", les femmes, les juifs et les homosexuels. Construisant de Shakespeare à Genet une typologie de l'exclusion, il étudie les mécanismes de la marginalisation et met à l'épreuve l'ambition égalitaire des Lumières. Au-delà des mutations récentes et de l'intégration de droit des marginaux d'hier, il révèle les limites de l'éthique bourgeoise humaniste et de son processus de nivellement. A travers cette analyse exigeante qui renverse beaucoup de nos évidences, il apparaît que seule la reconnaissance de "l'inégalité en l'homme" permettra d'accéder à une véritable libération de l'individu.