Poète des balieues grises et des passants affairés, il joue de son regard comme son ami Prévert ruse avec les mots. Il glane "les trésors sur lesquels on marche" avec la bienveillance amusée d'un débutant candide". Et se pose, sans le savoir, en témoin engagé de l'Histoire en mouvement.

Robert Doisneau, disparu l'année dernière, restera comme le photographe du Parie populaire, le chantre de Paname, du pavé luisant, des forts des Halles, du petit blanc servi sur le zinc...

Qu'est-ce que fabriquait le plus parisien des photographes le long des golfs clairs californiens ? Un reportage coloré comme une coupe glacée...

Il y a juste cent ans, le 14 avril 1912, le transatlantique britannique ″Titanic″ heurtait un un iceberg fatal. Quelques heures plus tôt, en France, à Gentilly, naissait Robert Doisneau. Chantre de la rue et de l'instantané, ce photographe a su comme personne fixer sur la pellicule un monde qui changeait - immeubles, quartiers, métiers -, avant de disparaître. Tel le paquebot abîmé dans l'océan glacé, l'artiste est toujours présent dans l'inconscient collectif. C'est le miracle intemporel d'un style que Prévert, son ami, définissait comme la conjugaison de ″l'imparfait de l'objectif″.