Bernard Duchatelet, professeur émérite de l'Université de Brest et spécialiste de Romain Rolland, fait apparaître dans cet ouvrage l'auteur du Voyage intérieur "tel qu'en lui-même" ; contradictoire, avec ses grandeurs et ses erreurs. Il souligne le rôle majeur de cet intellectuel dans les affrontements idéologiques du XX ° siècle et évoque l'aventure intérieure d'un être passionné et qui a cherché avec obstination à donner un sens à son existence ?

L'oeuvre de Marcel Jouhandeau, souvent admirable, captivante, irritante parfois, scandaleuse pour certains, n'a jamais conquis le grand public. Le tirage de ses livres ne lui a jamais assuré que la reconnaissance admirative de ses pairs - de Gide à Cocteau en passant par Jean Paulhan, son constant soutien. Au-delà, il n'a attiré l'attention des chroniqueurs que par une réputation sulfureuse agrémentée par des scènes de mésentente conjugale, savamment orchestrées. Autrement dit, comme s'en plaignait Cocteau, il a été "dévisagé" plutôt qu' "envisagé". Il reste que cette oeuvre, l'une des plus intimistes, voire narcissiques, de la littérature du XXe siècle, s'impose par son indépendance d'esprit - malgré quelques coquetteries d'attitude -, et par la profondeur de ses vues sur la nature humaine. Malgré un bel essai de José Cabanis en 1959, il manquait une vue d'ensemble sur Jouhandeau. C'est à ce besoin qu'a répondu Jacques Roussillat en retraçant, avec une remarquable minutie, le parcours de l'écrivain. Cette première biographie, qui repose sur une documentation élaborée, est menée avec une circonspection méthodique - l'auteur est médecin -, un bon sens vigoureux, et non sans une éventuelle sévérité, pour remettre en ordre ce que l'écrivain s'attache parfois à transmuer en mise en scène.

Souvenirs et méditation sur la figure de l'écrivain Georges Bernanos, par son confesseur et ami, dom Paul Gordan, rencontré au Brésil pendant la Seconde Guerre mondiale. Permet de mieux comprendre les relations de Bernanos avec l'Allemagne, sa conception de la résistance au nazisme, sa vision de l'Eglise, sa réflexion sur l'amitié, l'Eglise et la mort.

Philosophe, essayiste. - Chercheur au CNRS depuis 1971, directeur depuis 1987 du CRAL, Centre de recherches sur les arts et le langage (en 2002)

Fantaisies de langage, inventions verbales, jeux de mots, jeux de lettres, calembours malicieux, toutes ces citations classées (selon le voeu de Queneau) sous soixante-dix rubriques de "Adjudant" à "Zouave" en passant par "Amour", "Culture", "Famille", "Intellect", "Logique", "Psychanalyse", "Vertu", etc. en font un Queneau savoureux : toute phrase est à savourer comme un chaud-froid.

«Je ne peux plus tenir entre mes mains ton visage mais ton regard donne un sens au théâtre où mon ombre s'agite. Je m'arrange pour citer ton nom et tout prend forme et densité. En t'évoquant je me fais exister. Grâce à toi, mon centre est ailleurs qu'en moi. C'était vrai, toi vivante. C'est encore vrai, toi morte. Je suis orienté par l'infini de ton visage. Je t'aime tendrement. Je fais bouger la photo où brillent tes yeux de douceur et de victoire et tu te mets à vivre, tu es vivante.»