La contre-attaque des Etats-Unis est inévitable et nécessaire. Les Européens réussiront-ils à convaincre George Bush qu'elle doit être soigneusement pesée pour ne pas accroître à terme les menaces qu'elle entend combattre ?

Plus que les résultats militaires de l'offensive américaine contre les talibans - qui va sans doute s'étirer dans le temps -, ce sont les réactions des opinions publiques dans les pays arabes qui vont finalement décider de son succès.

Pacifistes, communistes et écolos ont du mal à mobiliser les adversaires des bombardements. L'onde de choc des attentats semble avoir aussi touché les tenants de l'antiaméricanisme.

"Le principal obstacle à la constitution d'un empire américain tient en ceci : notre armée n'a pas été conçue pour une mission impériale, mais pour la guerre."

Ils s'appellent Roger, Allen, Ed, Ivan. Ils étaient officiers, simple soldat, aumônier. Notre envoyée spéciale en Irak, Sara Daniel, les avait rencontrés il y a quelques mois à Fallouja, à Ramadi, à Bagdad, à Sadr City.

La lutte contre le terrorisme rend obsolètes les protections juridiques assurées aux prisonniers de guerre par les conventions de Genève : forte de cette certitude, l'administration Bush a décidé que les services secrets américains avaient le droit d'enlever des "suspects" où bon leur semble, de les détenir au secret et de les transférer pour interrogatoire dans des pays où la torture a libre cours.

"L'armée américaine est prête pour tout ce que notre commandant en chef nous demandera de faire", a déclaré, fin février, le général Richard Myers, chef d'état-major interarmées des Etats-Unis.

Deux ans après le renversement du régime des talibans, les délégués de la Loya Jirga (Grand Conseil) discutent d'un projet de Constitution visant à établir "la stabilité et la paix" en Afghanistan. Sur le terrain, toutefois, les attentats se succèdent, meurtriers - en Irak, également. Missiles contre bombes humaines, chars d'assaut contre voitures piégées, stratégie de puissance contre stratégie de harcèlement : la paix ne se gagne pas sur les champs de bataille.