Seychelles, îles Fidji ou Caïmans... Dans l'imaginaire collectif, ces noms évoquent des eaux turquoise et des plages de sable fin. Ce sont aussi des destinations de rêve pour les flux financiers qui échappent à l'impôt. Dans "La Richesse cachée des nations" (Éd. Seuil, 2017), l'économiste Gabriel Zucman estime que 8 % de la richesse mondiale serait cachée dans des paradis fiscaux. Soit 200 milliards de dollars perdus par les États chaque année et autant d'argent qui ne financera pas des écoles, des hôpitaux, des tribunaux ou une politique climatique digne de ce nom.

Le juge Renaud Van Ruymbeke a connu une carrière haute en couleur. De l’affaire Boulin à celles des deux Jérôme, Kerviel et Cahuzac, en passant par le financement occulte des partis politiques ou l’affaire Elf, il a enquêté sur les multiples facettes de la finance de l’ombre. Il a régulièrement dénoncé l’un des principaux obstacles à ses instructions : les paradis fiscaux. Il a mis en cause ces derniers dès 1996, avec plusieurs collègues magistrats, dans le cadre de l’appel de Genève, dont on "fête" ce mois-ci les 25 ans.

Le déménagement en Suisse du patron du groupe Aker, Kjell Inge Rokke, plus grosse fortune et premier contribuable du royaume, suscite un vif débat sur l’impôt sur la fortune.

Fin 2012, "Mediapart" fait trembler la République en révélant que l'homme censé lutter contre la fraude fiscale la pratique lui-même. Pas directement, bien sûr. À l'heure où les montages opaques remplacent les mallettes de billets, des conseillers s'en chargent. Et si, le temps d'un récit, les fraudeurs redevenaient acteurs ? Et si nous inventions un député adepte de l'évasion fiscale ? La loi viendra-t-elle contrarier ses projets ?

Le hackeur Rui Pinto est-il un criminel ou un lanceur d'alerte ? Quel que soit le verdict des juges, les données qu'il a fait fuiter auront permis de dévoiler le côté obscur du plus populaire des sports : des joueurs fichés selon leur couleur de peau et de l'évasion fiscale par millions d'euros.