Après le prix du scénario à Cannes et le succès de "'Drive My Car", récompensé aux Oscars, Ryusuke Hamaguchi revient avec un film à sketches sur les jeux de l'amour et du hasard. Rencontre.

Les grandes oeuvres ont souvent un tournant d'avance. On ne s'attendait pas à retrouver le cinéaste des grandes conversations et des contes urbains dans un village montagneux, au côté d'un père bûcheron taiseux confronté à l'installation prochaine d'un site de « glamping » (camping glamour) au mépris de l'eau et de la faune locales. Dans les paysages qui portent la musique d'Eiko Ishibashi, Ryusuke Hamaguchi a tourné une fable écologique magistrale, qui verse dans le drame en retenant ses effets et son message.

Modeste, "Le Mal n'existe pas" ajoute une nouvelle pépite à une oeuvre éblouissante. Conversation avec son auteur, Ryusuke Hamaguchi.

Alors que "Drive My Car" pourrait bien remporter un Oscar cette année, la sortie du nouvel opus d'Hamaguchi place la saison printanière sous les auspices de la coïncidence et de la rêverie. Entre trajectoires croisées et événements fortuits, cinq personnages féminins ont rendez-vous avec leur destin...

OEuvrant toujours sur le temps suspendu, les actions inachevées, Ryüsuke Hamaguchi construit avec "Le mal n'existe pas" un film ancré dans le réel sans pour autant s'y assujettir. Fable sociale, prise de position écologique forte, observation de psychés, construction poétique, le film est tout cela à la fois, mais de manière insolite.

Quelques mois après le magistral "Drive my car", prix du scénario à Cannes, le cinéaste japonais revient avec "Contes du hasard et autres fantaisies", récompensé à Berlin. L'occasion de le rencontrer pour discuter avec lui de son processus de création.

Le plaisir éprouvé devant un film de Ryûsuke Hamaguchi tient beaucoup à l'imprévisibilité de ses récits, mus par le tourbillon des sentiments. Chose inédite : si les surprises sont nombreuses dans "Le mal n'existe pas", elles ne semblent pas venir des individus eux-mêmes mais d'une force qui les dépasse, échappée d'un tiroir que le cinéaste n'avait pas encore ouvert - la nature, le monde des non-humains, toutes ces vies menées à l'écart des villes et des chambres autour desquelles Hamaguchi, citadin des pieds à la tête, a l'habitude de broder ses épopées intimes. Sommaire.

Parmi les films présentés à Cannes en 2021 qui ont particulièrement frappés aux "Cahiers du cinéma" et qui sortent en salle pendant l'été, nous nous penchons ici plus longuement sur quatre : "Annette" de Leos Carax, "Benedetta" de Paul Verhoeven, "France" de Bruno Dumont, "Drive My Car" de Ryusuke Hamaguchi. Les journalistes de la revue se sont notamment intéressés à leur génèse et fabrication. Sommaire. Babel sur le rivage. La conduite du texte, entretien avec Hidetoshi Nishijima.

Avec le succès international inattendu de "Drive My Car", Ryûsuke Hamaguchi s'est imposé comme l'une des figures essentielles du cinéma mondial. Mais son talent a émergé et s'est déployé bien avant ce film. Des cinéphiles attentifs au cinéma japonais avaient déjà remarqué ses courts métrages avant que "Passion" ne mette sur sa piste d'autres spectateurs en 2008, en attendant l'arrivée de "Senses" (2015) puis "Asako I&II" (2018).

"Contes du hasard et autres fantaisies" est un film du cinéaste japonais Ryusuke Hamaguchi qui a obtenu le Grand prix du jury de la Berlinale 2021. Ce metteur en scène né en 1978, très cinéphile, connaît à partir de 2018, une diffusion internationale tardive mais conséquente de ses oeuvres. En 2015 son film "Senses", d'une durée de plus de cinq heures, reçoit au Festival de Locarno le prix d'interprétation féminine attribué aux quatre actrices centrales, assorti d'une mention spéciale pour le scénario.

Découvert en 2021 dans l'édition en ligne du festival de Berlin, "Contes du hasard et autres fantaisies" nous était apparu comme le film le plus lumineux d'une compétition où il avait reçu l'Ours d'argent. Néanmoins, le nom de Ryusuke Hamaguchi demeurait un tantinet méconnu du grand public. Plus d'un an après, les choses ont bien changé. "Drive My Car" (2021) a remporté le prix du scénario à Cannes, le prix Fipresci (Fédération internationale de la presse cinématographique) et concourt aux Oscars.

Avec "Drive my car", Ryusuke Hamaguchi signe un film bouleversant sur le deuil, la transmission et la nécessité des récits. Et s'affirme avec éclat comme un grand cinéaste.