Fils d'un réalisateur star du IIIe Reich, Thomas Harlan, militant communiste et cinéaste, se révèle aussi brûlant dans sa prose que dans sa vie.

Sortie de Wundkanal de Thomas Harlan, accompagné du documentaire que Robert Kramer réalisa sur le tournage, Notre nazi.

Thomas Harlan est mort ce 16 octobre dernier. Ses cendres ont été déposées au Père-Lachaise. Il laisse trois films, quatre romans crépusculaires et nombre d'autres projets non réalisés : autant d'oeuvres et de traces d'une tentative éperdue d'écrire, de réécrire, de conjurer jusque dans la réalité l'héritage d'une histoire venue d'Allemagne.

Aucun descendant d'une personnalité du régime nazi n'aura mené avec autant d'obstination une confrontation avec le passé de son père. Fils du cinéaste Veit Harlan, à qui l'on doit notamment « Le Juif Süss », et cinéaste lui-même, Thomas Harlan n'a eu de cesse de renier un père qu'il aimait. Son engagement dans la dénonciation des anciens nazis reconvertis à la démocratie d'Adenauer, son oeuvre filmique et écrite, qu'il s'agisse de projets avortés ou menés à bien, ne cessent d'en témoigner.

Thomas Harlan (1929-2010) eut pour père l'auteur du "Juif Süss", le plus important film antisémite produit par les nazis. De quoi sombrer dans la folie, état psychique qu'il convertit en formes artistiques insolites et inclassables : d'abord trois films, et ensuite des oeuvres littéraires, dont "Rosa", son premier roman, publié en Allemagne en 2000, ainsi que sa "Lettre au père", inachevée.