Une femme, un enfant, un ballon rouge et la solitude du monde occidental : un très beau conte par l'auteur de "Millenium Mambo".

"The Assassin", de Hou Hsiao-hsien, c'est Giono qui s'adonnerait au combat de sabres.

Après huit ans d'absence, Hou Hsiao-Hsien revient vers le somptueux film de sabre "The Assassin". De Tapei à Fengshan, de ses premières années de voyou jusqu'à son prix au dernier Festival de Cannes, entre tremblement de terre et happening de Madonna, voyage sur les traces d'un cinéaste mythique.

L'histoire et les souvenirs passent continuellement à travers le temps, grâce aux chants d'Homère, aux anciens drames chinois ... Apparemment, à notre époque, Hou Hsiao-hsien est le narrateur de génie qui fait passer les souvenirs d'une nation à travers ses films.

Quel chemin parcouru pour la reconnaissance de Hou Hsiao-hsien en France ! Après ses débuts en 1980, il fallut attendre huit ans pour que l'on voie pour la première fois en salles un de ses films, le sixième, "Un été chez grand-père" (1984), révélé auparavant par le festival des Trois Continents de Nantes, comme plusieurs de ses oeuvres. A cette occasion, "Positif" publiait le premier des huit entretiens qu'il nous a accordés ainsi qu'un ensemble de textes critiques.

Que Hou Hsiao Hsien soit un des maîtres du cinéma contemporain n'est guère, aujourd'hui, sujet à discussion. Son art complexe mêle de front une recherche formelle parmi les plus ambitieuses de notre temps et un propos qui, après s'être préoccupé des relations intimes, embrasse maintenant - dans ses trois derniers fims - tout le champ de l'Histoire...

Qu'il s'agisse de chroniques pasoliniennes où s'ébrouent les ragazzi taiwanais (Les Garçons de Fengguei, Goodbye South, Goodbye), qu'il s'agisse de fresques viscontiennes où les déchirements de Formose sont rejoués dans le cadre d'une famille ou sous le regard d'un artiste (Cité des douleurs, le Maître de marionnettes), Hou Hsiao-hsien s'est imposé comme un cinéaste de l'élégie en direct, en restaurant l'histoire introuvable de son pays comme une succession d'instants...

Fresque historique et intimiste, "Le Maître de marionnettes" offre l'une des plus belles réponses qui soient à la question délicate d'une représentation de la mémoire.