La guerre de l'Irak fera office de révélateur. La France doit se dissocier d'emblée de manière éclatante d'une expédition si contraire à l'intérêt national.

Malgré les menaces de riposte proférées à Bagdad, personne ne semble sérieusement redouter une frappe chimique ou bactériologique. La vraie crainte, ce sont les attentats.

La lettre de soutien à Bush signée par huit dirigeants européens torpille l'Union et compromet le projet d'une politique étrangère commune. Elle risque de se retourner contre ses auteurs.

Est-il encore possible d'éviter la guerre en Irak ? Non, au vu du formidable déploiement militaire désormais en place au Moyen-Orient. Oui, si contre toute attente Saddam Hussein respecte pour une fois ses obligations, justifiant ainsi, simultanément, le choix français du processus de désarmement pacifique et l'option américaine de la menace militaire.

Sur la frontière du sud, pratiquement désarmée, dans Bagdad qui fait le gros dos, Jean-Paul Mari a vu les Irakiens se préparer à "l'inévitable".

La perspective d'une guerre en Irak menace de faire éclater les contradictions d'un pays laïque mais dirigé par des islamistes, européen mais allié avec l'Amérique.

L'administration américaine veut faire la guerre et la fera sans doute. Mais que d'obstacles sur sa route ! La France et l'Allemagne, bien sûr, mais aussi la Ligue arabe, l'opinion britannique, le Conseil de Sécurité toujours rétif, le Parlement turc qui ne veut pas de ses soldats, Saddam Hussein qui devient presque habile, et même le pape.

L'ancien secrétaire d'Etat s'interroge dans son nouveau livre, "La Nouvelle Puissance américaine", à paraître chez Fayard, sur la politique exterieure de son pays. Hégémonie ou leadership ?

Alors que les Etats-Unis tentent par tous les moyens de forcer la main du Conseil de Sécurité, la France a trouvé une parade redoutable : en appeler à la fierté nationale des Etats membres.

Opération commando du "Sun", pilonnage médiatique, moqueries des chansonniers, la politique étrangère déchaîne l'ire "antifroggies".

Pour bâtir leur dossier à charge contre l'Irak, les services de relations publiques de la Maison-Blanche et du 10 Downing n'ont pas hésité à utiliser des faux grossiers.

Les Etats-Unis vont-ils lancer la première guerre sans provocation directe de leur histoire ? Fort de ses convictions religieuses, habité par la vision d'un monde opposant le Bien et le Mal, guidé par des conseillers conservateurs qui croient à la démocratisation par les bombes, le président américain est si sûr de son droit qu'il n'entend ni les critiques ni les mises en garde.