Pour conquérir le PS, Monsieur 47% n'a pas eu à se battre. Mais, face à ses adversaires d'hier, il lui reste à prouver qu'il est capable de mener le combat de la refondation.

Le candidat inattendu est devenu le patron naturel de la gauche. Mais peut-il régner sans être parlementaire ni chef de parti ? Enquête sur l'avenir de celui par qui le miracle a failli arriver.

Quel changement propose-t-il aux Français ? Au lendemain de l'élection, quelles seraient ses priorités ? Quels moyens se donnerait-il pour tenir ses promesses ?...

Un programme, à l'ère de l'image ? Vous n'y pensez pas ! Eh bien si, imaginez-vous que les électeurs y ont pensé ! Et que c'est là-dessus que pourrait se fonder, le 7 mai, la victoire de Lionel Jospin.

Chirac travesti en champion du changement, c'est bien sûr l'illusion majeure. Mais il existe d'autres tentations qui risquent, le 23 avril, de compromettre les chances du candidat socialiste.

Le candidat socialiste a su tirer avantage de ses handicaps : campagne courte - pas de risques d'usure ; concurrence à gauche - nécessité du vote utile ; et même, soutien distant de Mitterrand - moins de passif à assumer.

Ce qu'il pense de ses adversaires, de leurs promesses, de leur sincérité, de ses chances d'être présent au second tour et, pourquoi pas, à l'Elysée... Ce qu'il n'a pas encore dit sur son projet, sur son expérience de candidat, sur le "vote utile", sur certains intellectuels, séduits par l'adversaire, sur la politique suivie depuis 1981, sur Mitterrand. Et sur lui-même.

"Cinte" ou "Sainte" ? La querelle divise encore les Gabellois. Elle est politique autant que sémantique : entre les deux orthographes, il y a le fossé qui depuis la Révolution sépare les rouges des blancs.

Depuis sa désignation par les militants du PS, le candidat socialiste a fait un sans-faute. Et il ne cesse de grimper dans les intentions de vote. S'il parvient, face à l'opportunisme de Chirac et au conformisme de Balladur, à incarner la réforme et le mouvement, l'improbable ne sera plus impossible.

Surtout ne pas s'agiter. Eviter au maximum les grands rendez-vous médiatiques. Surprise : la stratégie d'anti-bateleur de "celui qui a rendu l'espoir à la gauche" se révèle payante !

Quelles sont les relations du candidat socialiste avec François Mitterrand, dont il fut longtemps le fils modèle avant de prendre ses distances ? Quand l'ambition présidentielle est-elle née chez ce batailleur qui a failli quitter la politique après sa défaite aux législatives de 1993 ? Portrait.

A en croire les sondages, ni l'un ni l'autre ne suscitent l'enthousiasme de l'électorat. C'est pourtant l'un d'eux qui, à moins d'un coup de théâtre, sera le principal candidat du "peuple de gauche". Voici les arguments de l'un et de l'autre.