La France est déboussolée. La gauche se déchire. Le PS est au bord de la crise de nerfs. Jospin retrouve un rôle. Aujourd'hui, de tuteur. Demain, de leader ?

En une soirée, le 28 avril 2005 sur France 2, il a repris la main. Sa marque : l'autorité. Son rôle : fixer celui des autres - Hollande, Strauss-Kahn, Fabius, Montebourg... -, qui devront de nouveau compter avec lui.

L'essentiel pour lui n'est pas de décider maintenant, mais de pouvoir choisir demain. En attendant, sans tapage et avec persévérance, il dégage un à un les obstacles.

En marge du grand oral de Lens, c'est Hollande en personne qui a révélé, en petit comité, le plan de guerre de son ancien mentor. Voilà pourquoi, selon le premier secrétaire, Jospin courtise Fabius, fait pression sur DSK et croit pouvoir abattre Ségolène Royal, en novembre 2006, dans un face-à-face décisif.

De la fin août, à La Rochelle, au mercredi 27 septembre 2006, à la mairie du 18e arrondissement, il a tout tenté pour revenir au premier plan. Mais il a fini par comprendre que sa candidature serait une candidature de trop.

A distance de la troisième voie de Tony Blair, l'action gouvernementale de Lionel Jospin est rythmée par un double mouvement : la confirmation d'un réancrage postmitterandien dans la tradition socialiste, et une conviction réformiste. Cet alliage pourra-t-il déboucher sur une culture politique réformiste et sur le succès des mesures les plus périlleuses à mettre en oeuvre (retraite, fonction publique) ?

Comment concilier la "troisième voix" blairiste et la social-démocratie jospinienne ? En multipliant les rencontres, bien sûr, mais surtout en réduisant les autres socialistes européens, moins "modernes", au rôle de comparses.

Le Premier ministre et le président sont à égalité dans les baromètres de popularité. Mais la réalité politique est tout autre. L'enquête de la Sofres est accablante pour la droite : Jospin et la gauche ont déjà pris un avantage qui peut être décisif.