Maylis de Kerangal signe avec "A ce stade de la nuit" l'une des premières oeuvres littéraires consacrées en France aux naufrages de Lampedusa, cette île placée à l'extrémité de la Sicile (à la proue de l'élongation d'une Europe qui s'échappe, en pointillés de plus en plus ténus, vers le Sud et vers l'Afrique), cette île devant laquelle plus de 12 000 migrants ont péri depuis désormais plus de vingt-cinq ans.

"Enterrer les morts et réparer les vivants." La phrase est tirée de "Platonov", la pièce de Tchékhov. Elle figure au milieu de "Réparer les vivants", au moment de bascule entre deux temps. Simon est mort et Claire vivra. La phrase du dramaturge russe fait le lien, ou établit un pont.

Transplantation, opération, ablation... Quand la littérature joue la valse des organes. Sous la plume salvatrice de trois écrivains guérisseurs.

Dans "Naissance d'un pont", Maylis de Kerangal s'intéressait au chantier d'un pont ; dans un nouveau récit haletant, "Réparer les vivants", elle retrace l'élaboration - elle aussi collective - d'une greffe, et fait oeuvre.

Elle entre au comité de lecture de Gallimard et décrit une transplantation cardiaque dans un formidable roman. Rencontre.