Que se passe-t-il dans la partie la plus progressiste de la population allemande au cours de la seconde moitié du dix-neuvième siècle ? Force motrice d'un courant démocratique puissant qui conduisit aux événements de 1848, elle se rallia au culte du réel de ses adversaires conservateurs voire réactionnaires.

L'historien montre la vie des Juifs à Vienne, de l'intégration dans l'Empire austro-hongrois à l'antisémitisme le plus virulent.

Dans ce qu'il appelle une ″biographie intellectuelle″ de Fritz Mauthner - la toute première étude en langue française -, Jacques Le Rider, spécialiste reconnu de la Mitteleuropa et de la Vienne fin de siècle, met en lumière une figure importante, mais négligée, de cette transformation majeure de la philosophie contemporaine qu'est le ″tournant linguistique″.

Comme de coutume, Jacques Le Rider joint une très large documentation, d'une extrême précision, à une empathie toute particulière avec le sujet choisi, en l'occurrence les ″Juifs viennois à la Belle Epoque″, travail d'autant plus important qu'il vient s'inscrire dans l'ensemble des recherches consacrées par l'auteur à la question autrichienne et à Vienne, par exemple dans ″Modernité viennoise et crises de l'identité″, sans parler de ses études, parmi d'autres, sur Freud ou Arthur Schnitzler.

C'est dans la capitale autrichienne, à la Belle Epoque, que de grands esprits juifs inventèrent la modernité. Puis vint la haine. Jacques Le Rider raconte.

Jacques Le Rider, une fois de plus, va jusqu'au coeur de cette culture d'Europe centrale (Mitteleuropa), pour ne pas dire austro-hongroise, dont il a déjà, en des ouvrages essentiels, décrit et analysé les aspects les plus caractéristiques.