Entre satire et contre-pouvoir, histoire d'un phénomène de société, rapporteur et parfois acteur de l'actu

Pathétique. L'ex-archifavori de la présidentielle finit dans la rubrique faits divers.

En limogeant le patron de Canal+ après avoir voulu la peau des "Guignols" et sorti "Le Grand Journal" des programmes de la rentrée, le boss de Vivendi Vincent Bolloré s'impose en force et marque la fin d'une époque.

Concurrence acharnée, baisse des recettes, nouvelles gouvernances, conflit social qui couve : partout, l'ambiance est incertaine et explosive.

Grand Journal à l'agonie, incertitude quant au sort des Guignols, éviction violente des dirigeants, censures éditoriales et règlements de comptes à tous les étages ... Si le fameux esprit Canal n'a sans doute jamais existé, la reprise en main du groupe Canal+ par Vincent Bolloré, premier actionnaire de Vivendi, correspond exactement aux méthodes de la World Company. Cette fois, la fête est vraiment finie, place à une machine de guerre industrielle, voire politique, qui ne craint pas les conflits d'intérêts. Récit d'une mise à mort.

Héritiers des spectacles de rue inventés à Lyon à la fin du XVIIIe siècle, mais plus encore d'une tradition de la caricature politique qui remonte à la Révolution, les Guignols de l'info, sur Canal-Plus, fortement contestés, annoncent un changement de ton.

Ils s'appellent Kouklis, Hartsoufim ou Gumaci. Ils sont russes, israéliens, tchèques. Ou encore espagnols, portugais et même roumains. Fils (pas toujours très) spirituels des marionnettes britanniques de "Spitting Image" et de nos Guignols de Canal+, ils font l'opinion et défont les réputations...

A l'occasion de leur dixième anniversaire, Canal+ leur consacre une nuit spéciale, avec la diffusion de "La fiction", leur premier film de 56 minutes. Explications.

Subitement, les enfants chéris du PAF, les golden boys à qui tout réussissait se sont retrouvés cloués au pilori.