Le volume de "Romans grecs et latins" récemment publié par Les Belles Lettres permet une échappée salutaire loin des simplifications polémiques autour de la suppression de l'enseignement des langues anciennes avec la réforme du collège et offre un dépaysement radical avec la présentation de sept oeuvres, cinq grecques et deux latines. Ces écrits, composés entre le Ier et le IIe siècle de notre ère, donnent des rendus intemporels, c'est-à-dire contemporains.

Au Ve siècle avant J.-C., en Grèce, rien ne va plus entre le poète et le dramaturge. Le premier, Aristophane, n'aura de cesse de moquer les innovations théâtrales et politiques que le second impose dans ses oeuvres. Une version antique de la querelle des anciens et des modernes.

Les Belles Lettres font paraître un livre extraordinaire, "Romans grecs et latins". Pour les passionnés d'Antiquité et les autres, ces romans d'amour souvent érotiques sont incontournables

Son actualité est foisonnante. Wajdi Mouawad, romancier et dramaturge prodige, vient d'être nommé à la tête du prestigieux Théâtre de la Colline. Il signe aussi trois fictions exceptionnelles, trois relectures de tragédies grecques : "Les Larmes d'Oedipe", "Inflammation du verbe vivre", "Une chienne".

Bienveillance, réciprocité, justice : ces principes moraux se retrouvent dans les textes les plus anciens de l'humanité. Preuve, pour le généticien, qu'ils sont universels et ne nécessitent aucune référence religieuse.

Pour retrouver les oeuvres originales de l'Antiquité grecque altérées par les multiples copies et déformées dans les traductions, l'éditeur dispose de documents d'âges divers dont il analyse le texte en se fondant sur l'histoire du livre et de l'écriture.

Comment expliquer les vicissitudes par lesquels le legs antique est parvenu jusqu'à nous et l'aspect en apparence erratique de l'histoire de cette transmission ? Osons aller à contre-courant de l'opinion reçue : sans doute la mauvaise volonté des hommes et leur malignité y tiennent-elles une part supérieure au hasard ou à la fatalité.