Lorsque Dale Cooper sort enfin de la Black Lodge et tombe dans l'infini, l'arbre crie : « Non existant ! » Oui, ce que l'on voit est bien non existant. Quel cadeau inespéré nous fait David Lynch, 25 ans après ! La saison 3 de « Twin Peaks », intégralement réalisée par lui, est un feu d'artifices. Dans un de ses rares entretiens, il dit qu'il a moins conçu une série qu'un film de 18 heures, à découvrir chaque semaine. Sommaire. Time and Time Again. Les Enfants. Faire une série. Postures. Le spectre de la sénilité. The Alphabet. Résumés.

Que pouvait devenir "Twin Peaks" après la folie expérimentale de l'épisode 8 ? En allant à ce point à l'encontre des dogmes narratifs, en revendiquant le geste artistique et visionnaire, David Lynch affirmait que pour renaître "Twin Peaks" devait d'abord être détruit. Ces huit premiers épisodes géniaux et inconfortables étaient comme le double possédé de Dale dans le miroir éclaté à la fin de la saison 2. "Twin Peaks" était morcelé, méconnaissable, et certains des éclats étaient partis si loin qu'ils semblaient refléter une tout autre histoire. Sommaire. Après l'explosion. Métamorphe.

Il n' est pas exagéré de dire que "Twin Peaks" es t la grande oeuvre politique de notre temps. Lynch a construit sa Tour de l'invincibilité, celle qu'il a tenté de bâtir en vain dans la vraie vie : il l'a faite en fiction, une tour de Babel de 18 épisodes, pour changer nos vies. Cette tour n'est pas une loge inondée de lumière ni un "paradise" où "everything is fine", et elle n'est pas peuplée que de gardiens armés d'un gan t vert de super-héros. Cette tour s'élève dans le noir du Dark Age et ses combattants supportent autant de victoires que de défaites. Sommaire. Dale Cooper, Reset.

Fragmentation, déstructuration, patchwork : la saison 3 de Twin Peaks a suscité de nombreux commentaires qui ont mis en avant son caractère hétéroclite, à la limite de la déchirure narrative. Comment faire sens d'un récit en apparence tellement composite, regroupant tant de personnages dispersés aux quatre coins des Etats-Unis ? Comment retrouver la réalité du "champ unifié", ce concept cher à David Lynch, masqué par un tel foisonnement kaléidoscopique ?

Alors qu'il réapparaît dans une édition 4K somptueuse, le monolithe noir de Lynch nous ramène à notre condition de primates et à quelques mystères qui nous hantent depuis deux décennies. Alors, qui a réussi à sortir indemne de "Mulholland Drive" ? Bilan des troupes.

Le réalisateur de "Twin Peaks" et de "Mulholland Drive" se raconte dans une autobiographie hors norme. Extraits en avant-première.

Un rendez-vous au bureau de David Lynch, niché dans les hauteurs traversées par Mulholland Drive, aurait pu équivaloir à la consultation d'un oracle de plus en plus rare, à même de nous éclairer sur le sort d'Hollywood, contrée indécidable qu'ont brossée deux de ses chefs-d'oeuvre sortis à l'aube du siècle.

Si l'objectif "lynchien" est entré un peu trop facilement dans le vocabulaire critique pour désigner une atmosphère indéfinissable, entre inquiétante étrangeté et onirisme diffus, comment aborder, loin des clichés, une oeuvre commencée il y a 50 ans sur grand écran et désormais poursuivie par les plateformes - un projet de série, "Wisterio", est annoncé sur Netflix pour la fin de l'année ?