Egypte. Israël craint que le président islamiste remette en question le traité de paix et aide le Hamas.

Elu président, l'islamiste Mohamed Morsi a conclu avec les militaires une alliance de circonstance. Quelle est sa marge de manoeuvre ?

Déclaré vainqueur du scrutin des 16 et 17 juin 2012, l'islamiste Mohamed Morsi devra composer avec des militaires qui ont pris soin au préalable de s'arroger des pouvoirs exorbitants.

Un mois après avoir prêté serment, le président élu n'a toujours pas de gouvernement et donne l'impression de faire du surplace.

S'il n'entend pas renier le partenariat avec les Etats-Unis ni le traité de paix avec Israël, le nouvel homme fort égyptien souhaite en tout cas reconquérir une certaine marge d'indépendance.

Homme clef de la trêve de Gaza, le président égyptien rêve de restaurer le leadership arabe du Caire. Mais il devra apaiser le front intérieur, embrasé par son coup de force institutionnel.

Aveuglé par sa volonté de confisquer tous les pouvoirs, sourd aux cris de ses opposants, l'ex-président Mohamed Morsi, destitué le 3 juillet 2013, a creusé sa tombe et celle des Frères musulmans. Aidé par ceux qui avaient parié sur son échec, au sein de l'armée, de la police et de la justice.

Le nouveau président égyptien, issu des Frères musulmans, mène exactement la politique honnie de son prédécesseur.

Profitant de la nouvelle aura internationale que lui procure son rôle dans la fin des combats à Gaza, le président égyptien s'est octroyé des pouvoirs quasi absolus.

Dans un style qu'il affectionne, le grand écrivain Alaa Al-Aswani pose des questions et répond en expliquant les raisons des manifestations qui secouent son pays. Et appelle le président égyptien à renoncer à la dictature.

Rares sont les ″démocrates″ égyptiens qui n'appuient pas le coup d'Etat de l'armée ayant chassé du pouvoir Mohamed Morsi, le président islamiste démocratiquement élu. Il est vrai que le bilan de Morsi est catastrophique sur presque tous les plans. Pourtant, le débat sur le risque que les militaires reviennent au pouvoir s'engage dans la presse égyptienne comme le montre ″Al-Shourouk″. Le soutien populaire au coup d'Etat donne de l'espoir aux Tunisiens, dirigés par des islamistes, et souligne les mauvais choix politiques des Etats-Unis et du Qatar, accusés d'avoir misé sur les islamistes.

Détérioration de la situation économique, aggravation des inégalités sociales, verrouillage politique... Le premier anniversaire de l'arrivée au pouvoir du président Morsi a un goût amer.