Tandis que nombre de libertés fondamentales sont menacées aux quatre coins du monde, il nous a semblé nécessaire de revenir sur la richesse inouïe du free jazz, qui depuis son émergence a remis en cause l'idée même que l'on se faisait de toutes les autres formes de jazz. Comme pour chaque dossier, les choix de disques à (ré)écouter d'urgence et de portraits d'artistes sont autant ceux du coeur que de la raison. Nulle exhaustivité, évidemment inatteignable, mais une sélection librement subjective sans doute plus originale qu'une inutile - impossible ? - quête d'objectivité.

Après avoir participé dans les années 1920 et 1930 à l'épopée des McKinney's Cotton Pickers, le pianiste Todd Rhodes sut relancer sa carrière en montant un orchestre, les Toddlers, qui connut un vif succès après guerre. Retour sur une trajectoire exemplaire.

Créateur génial, il a orchestré la rencontre du jazz, du funk et des musiques d'Afrique de l'Ouest. Misogyne notoire, il régnait en tyran sur des dizaines de femmes. Entre musique, militantisme et maraboutisme, sa vie est celle d'un homme qui s'autorisait, souvent au mépris des autres, toutes les libertés.

À partir de 1969, alors qu'il avait écrit l'histoire auprès des pionniers du bop, avec Gil Evans, à la tête du sextette qui a gravé "Kind Of Blue" ou encore avec son fameux Second Quintet, Miles Davis entrait dans ce qui doit être la période la plus intense et créative de sa carrière, fusionnant comme personne avant lui jazz, rock et funk, révélant les grands talents des décennies à venir et gravant quinze albums essentiels.