Dans le cinéma de Nicolas Philibert, les acteurs et actrices sont des héros et héroïnes de la vraie vie : l'instit d'une classe unique de campagne dans "Être et avoir", ou encore des étudiantes infirmières dans "De chaque instant", qui vient de sortir en salles. Depuis quarante ans, le plus connu des documentaristes français signe des «fictions du réel». Un cinéma humaniste qui donne le premier rôle à l'être plutôt qu'à l'avoir, à l'infirmière plutôt qu'au trader.

Alors que De chaque instant, son dernier [et beau) doc, est toujours à L'affiche, une ressortie de ses films ce mois-ci permet de redécouvrir la carrière de Nicolas Philibert et surtout sa façon de faire. Visite guidée en sept leçons.

Ce coffret est fort d'atouts majeurs. Les oeuvres essentielles ont inspiré des suppléments d'une qualité réjouissante, des entretiens et des courts métrages, inédits ou restaurés, ainsi qu'une riche anthologie d'articles intitulée Les Films, le cinéma, ayant pour photo de couverture le documentariste en voyageur scrutant l'horizon et l'inconnu. Elle est signée Linda De Zitter, psychanalyste dont l'appréciation de "La Moindre des choses" (1996) souligne l'efficacité éthique et esthétique de l'approche de Nicolas Philibert.

Un mois après "Averroès & Rosa Parks", l'insolite "Machine à écrire et autres sources de tracas" vient clore une trilogie sur la psychiatrie au pôle santé de Paris Centre, que Nicolas Philibert a entamé avec "Sur l'Adamant", Ours d'or à Berlin en 2023. Les trois films dressent le portrait d'un monde, en étroite complicité avec les patients et les soignants. Ils peuvent être vus séparément et dans le désordre, et s'éclairent mutuellement pour proposer une nouvelle manière de filmer la psychiatrie. L'occasion de reprendre notre conversation avec Nicolas Philibert.

Ils ont filmé la folie, l'école, l'hôpital, la création artistique, des musées, des patrons et des primates... Rencontre avec deux géants.

"Averroès et Rosa Parks" et "La Machine à écrire et autres sources de tracas" font aujourd'hui de "Sur L'Adamant" le premier volet d'un triptyque. Quelques plans de respiration, l'attention à la lumière qui provient des fenêtres rappellent la manière dont le cinéaste fait dialoguer l'activité artistique des patients avec la beauté du monde. Mais les entretiens psychiatriques entre médecins, psychologues et patients, absents jusque-là, constituent l'essentiel d'"Averroès et Rosa Parks", du nom de deux unités de soins de l'hôpital Esquirol à Paris.

Des plans successifs qui convergent en un lieu. Le portail en pierre de l'hôpital Esquirol, puis un mur avec des fenêtres à petits carreaux, le long d'un bâtiment tout en longueur, et devant, une pelouse et deux chaises, éparses et colorées.

"Averroès & Rosa Parks", deuxième volet du triptyque sur la psychiatrie de Nicolas Philibert, se situe au plus près de la relation soignants-soignés. Un très grand film.

"La Machine à écrire et autres sources de tracas" (lire "Cahiers" n° 807), qui sort le 17 avril, complète la trilogie entamée avec "Sur L'Adamant" (2023) et poursuivie avec "Averroès et Rosa Parks", sorti le 20 mars. D'un espace à l'autre, Nicolas Philibert multiplie les points d'écoute et complexifie sa cartographie d'une institution exsangue.

Comment forme-t-on les médecins et infirmiers de demain ? Deux films, signés respectivement Thomas Lilti et Nicolas Philibert, montrent la grandeur mais aussi la violence de cet apprentissage. Entretien croisé.

"La Machine à écrire et autres sources de tracas" conclut un triptyque entamé avec "Sur l'Adamant" et "Averroès & Rosa Parks". Un voyage en psychiatrie passionnant où l'humanité du cinéaste nous permet de plonger dans ce monde secret sans le moindre voyeurisme. Secrets de fabrication d'un tour de force.

Vingt-cinq ans après La Moindre des choses, Nicolas Philibert revient avec un film, "Sur l’Adamant", Ours d’or à Berlin, tourné au sein d’un établissement où la psychiatrie est encore pratiquée de manière humaine.