Trois ans après l'élection de Salvador Allende, les officiers chiliens mettent fin au gouvernement d'Unité populaire par le coup d'Etat du 11 septembre 1973. A leur tête, le général Pinochet qui inaugure une dictature de dix-sept années. Dans l'ombre, la CIA et les multinationales américaines.

Le fondateur de l'Action française jugeait que la démocratie constituait une maladie, une aberration. Devoir sacré , la défense nationale imposait le culte de l'armée et l'éradication de l'ennemi intérieur.

Wahington s'y était engagé après l'arrestation de Pinochet, et c'est chose faite : le gouvernement américain a ouvert, début juillet, une partie de ses archives sur le Chili des années noires.

La soeur de l'ancien ministre des Affaires étrangères de Salvador Allende, tué sur ordre du dictateur chilien, raconte par quels détours la justice a fini par rattraper le responsable de ce meurtre et de mille autres crimes.

Qu'il soit extradé vers l'Espagne ou renvoyé dans son pays, le dictateur devra comparaître devant les magistrats. Celui qui l'attend à Santiago est fin prêt pour l'interrogatoire. Mais la route sera longue jusqu'au procès.

Le soutien du gouvernement au vieux dictateur arrêté à Londres est dénoncé jusque dans les rangs de la coalition au pouvoir. Une majorité de Chiliens exige désormais le jugement des criminels du régime pinochétiste.

Bruyants, menaçants, ne regrettant rien, les partisans du dictateur ont jeté le masque, montrant que la réconciliation nationale restera un leurre tant que le régime criminel n'aura pas trouvé ses juges.

Dans l'histoire du socialisme, affligée de tant de trahisons, le parcours de l'Unité populaire reste comme un rêve inachevé. Un rayon de soleil dans ce terrible XXe siècle.

Le magistrat chilien qui a instruit les plaintes contre l'ex-dictateur avait trouvé une astuce pour contourner la loi d'amnistie. Il pense aujourd'hui que le procès n'aura jamais lieu.

En démissionnant, le 12 octobre, pour avoir manipulé et oculté des informations sur des détenus-disparus destinées à la dictature du général Pinochet, le commandant de la Force aérienne chilienne Patricio Rios a, une fois de plus, remis le pays face à son passé.

On connaissait la responsabilité du général Augusto Pinochet dans les ordres donnés pour arrêter, détenir et exécuter ses opposants.