Chômage, corruption, croissance en berne... L'Etat polonais risque de manquer son examen d'admission à l'Union européenne.

Contre le mouvement Solidarité, devenu national-catholique, les Polonais s'apprêtent à voter une Constitution moderne, préparant l'entrée du pays dans l'Union européenne.

A travers l'affaire Oleksy - l'ancien Premier ministre accusé d'espionnage au profit de la Russie - qui déchire les Polonais, c'est tout le problème du rôle et de la place de l'ancienne élite communiste dans les pays de l'Est aujourd'hui qui est posé.

Les électeurs polonais ont tourné le dos aux héros de Solidarité pour confier leur destin à de jeunes apparatchiks pragmatiques...

Deux Pologne s'affrontent ce dimanche. Ce n'est pas comme il y a quinze ans le face-à-face du pouvoir communiste et d'une poignée de militants décidés à rendre sa dignité à un peuple écrasé...

Sur fond de manoeuvres électorales, le vieux démon de l'antisémitisme emboîte allègrement le pas à l'anticommunisme, surtout quand il est encouragé par une partie de l'Eglise catholique et du syndicat Solidarité.

Des mains des néocommunistes, le pouvoir en Pologne est passé, le 25 septembre 2005, à celles de la droite, qu'incarnent les deux frères jumeaux Kaczynski. Ultralibérale en matière économique, conservatrice pour les questions de moeurs et répressive face au mouvement social, leur politique a déjà fait, en moins d'un an, des ravages.

Vainqueur des élections polonaises, l'Alliance de la Gauche démocratique, parti social-démocrate modéré né sur les cendres de l'ancien Parti communiste, défend des positions proches de celles de Solidarnosc à ses débuts.

A l'Est, à la lisière de l'Ukraine, le trafic de cigarettes, la contrebande, une économie parallèle qui représente 20% de l'activité économique du pays ; à l'Ouest, des usines neuves, bâties avec les capitaux des voisins allemands... Un monde sépare ces deux Pologne.

Nationalisme et russophobie empoisonnent la vie politique dans un pays en crise où la saga de Solidarité et les accords de Gdansk ne sont plus qu'un souvenir.

Parce qu'il préférait à une coalition des formations de la droite et du centre une alliance avec deux groupes extrémistes, Jaroslaw Kaczynski, frère du chef de l'Etat et chef du principal parti polonais, a fait entrer populistes, xénophobes et antisémites au gouvernement...