Fervent partisan de l'instauration d'une allocation universelle, le philosophe et économiste comprend les réticences soulevées par un tel projet. Il appelle à une mise en place progressive, gage de réussite.

Verser sans condition une somme fixe à chaque citoyen de sa naissance à sa mort ? A l'heure où la troisième révolution industrielle bouscule le monde du travail et nos modèles sociaux, cette question encore taboue est mise sur la table par nombre de penseurs et quelques politiques. De droite comme de gauche.

Inclassable. L'influent économiste parle d'une "classe dangereuse" et plaide pour le revenu de base.

A quelques mois de la présidentielle, ce dispositif gagne du terrain à droite et à gauche. Mais de quoi parle-t-on ?

A la fin du XVIIIe siècle est instauré dans les campagnes anglaises un revenu minimum destiné aux pauvres, qu'ils travaillent ou non. L'économiste Karl Polanyi en a décrypté en 1944 les effets pervers. Sommaire. Revenu universel, en 1975, déjà... "Un instrument d'émancipation, pas un prix de consolation" : les universitaires Yannick Vanderborght et Philippe Van Parijs défendent, dans leur livre "Basic Income", leur conception d'un revenu inconditionnel qui accorderait à chaque citoyen une liberté de vie réelle.

Retour sur l'idée, qui peut sembler farfelue et qui pourtant rencontre de plus en plus de défenseurs, dans le monde, d'un revenu universel. Il s'agirait d'une allocation de base versée à tous, sans conditions de ressources ni contrepartie. Soumis à un référendum d'initiative populaire en Suisse en juin 2016 et expérimenté pendant deux ans en Finlande à partir de 2017, ce versement fait de plus en plus d'adeptes. Avec une grande simplicité, il permettrait, selon certains, de répondre à l'inefficacité générée par la complexité des systèmes de protection sociale de l'Etat-providence.

Les inégalités continuent de se creuser dans les pays développés, et sont même devenues, dans certains cas, plus fortes que pour la génération précédente, constate l'économiste britannique Anthony B. Atkinson, un des plus grands spécialistes au monde de cette question. L'accroissement ininterrompu de la part des très hauts revenus dans la répartition totale des richesses est la raison principale de ce creusement des inégalités.

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