En ces périodes de rentrée des classes, Eric Rohmer s'impose comme un idéal prof de français. A travers son adaptation d'un roman pastoral du XVIIe siècle, peuplée de nymphes et de bergers amoureux, il charme avec l'histoire, la littérature et la langue.

Tiple actualité pour Eric Rohmer : d'abord un nouveau film (d'espionnage ! ), "Triple agent" ; ensuite une intégrale à la Cinémathèque française ; enfin, la réédition de son recueil de textes critiques, "Le Goût de la beauté". L'occasion de retrouver ce grand homme et de parler de l'Histoire, du cinéma, des accents, des actrices.

De tous les cinéastes de la Nouvelle Vague, Eric Rohmer a construit l'oeuvre la plus cohérente, tout en restant fidèle aux principes esthétiques et économiques qu'il a prônés dès ses débuts.

L'histoire à rebrousse-poil, le suspense, le souci de la picturalité, le numérique et ses incrustations, les fantômes de Griffith, Gance et Renoir : Eric Rohmer revient longuement sur la genèse et sur le tournage de "L'Anglaise et le Duc".

A l'occasion d'une édition quasi intégrale en DVD, regard sur l'ensemble d'une oeuvre, avec son auteur.

La sortie de "Triple Agent" et l'intégrale Eric Rohmer à la Cinémathèque française, en attendant la prochaine édition du 3e et dernier coffret de son oeuvre complète en DVD, suffiraient à justifier ce numéro spécial. Mais il y a plus. Revenir ainsi sur un demi-siècle de travail cohérent et exigeant, c'est profiter d'un cadeau d'une générosité inouïe : celui que nous fait un artiste et penseur du cinéma, comme cinéaste et comme critique, sans solution de continuité.

Le 7 septembre 2001, tandis que le Festival de Venise remettra à Eric Rohmer un Lion d'or pour l'ensemble de sa carrière, son dernier film "L'Anglaise et le Duc", sortira sur les écrans.

Avant de devenir cinéaste, Eric Rohmer voulait être écrivain. Son ambition fut contrarié, mais sa passion pour la littérature ne l'a jamais quitté et a nourri tous ses films.