Tirant la leçon de la rébellion tchétchène, Moscou cesse de soutenir l'"indépendance" de l'Abkhazie, arrachée de haute lutte à la Géorgie il y a deux ans. Tbilissi veut récupérer sa province perdue. Une nouvelle guerre caucasienne en perspective.

Si le président russe Vladimir Poutine s'est montré conciliant sur la question de l'énergie, lors de sa rencontre au sommet avec les dirigeants de l'Union européenne, le 20 octobre 2006 à Lahti (Finlande), il a accusé son homologue géorgien Mikhaïl Saakachvili de préparer un "bain de sang" en Abkhazie et en Ossétie du Sud. Le 13 octobre 2006, le Conseil de sécurité unanime avait demandé à Tbilissi de respecter l'accord de cessez-le-feu de 1994.

Vladimir Poutine entend faire de la soumission de la Géorgie le symbole de la puissance russe retrouvée. Et le jeune président géorgien, qui comptait sur le soutien de Washington pour résister à son puissant voisin, s'interroge maintenant sur les véritables intentions de George Bush...

La Russie trouve son voisin trop proche de l'OTAN, incapable de régler ses conflits gelés et très impliqué dans le corridor énergétique.

La crise de Géorgie de l'été 2008 a marqué un tournant dans la politique de la Russie, qui veut mettre un terme aux empiétements américains et occidentaux sur son étranger proche. Mais cette orientation ne signifie nullement un retour à la guerre froide.

Alors que Washington semble renvoyer aux calendes grecques l'adhésion de la Géorgie (et de l'Ukraine) à l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN), les dirigeants russes et géorgiens devraient à nouveau se rencontrer à la mi-décembre 2008. Ces discussions font partie de l'accord obtenu par le président Nicolas Sarkozy lors de la crise du mois d'août 2008. Présentée comme un succès de l'Union européenne, cette initiative en marque au contraire les limites.

Selon Moscou, la Géorgie rêve de reprendre par la force l'Abkhazie, qui a fait sécession en 1993. Les dirigeants géorgiens, eux, affirment que la Russie projette d'annexer la petite république séparatiste. Qui ment ? Qui dit vrai ? Vincent Jauvert a mené l'enquête à Moscou, Soukhoumi et Tbilissi

Ou comment le président de la République, qui avant son élection n'avait pas de mots assez durs envers Poutine et rêvait de faire plier Moscou, a fini, au pouvoir, par devenir un partenaire très accommodant.

En lançant une offensive contre Tskhinvali, la capitale des séparatistes ossètes, le président géorgien Mikheïl Saakachvili est-il tombé dans un piège tendu par la Russie ?