Oubliée la rupture ? C'est surtout l'étape gabonaise du voyage présidentiel qui a montré que le realpolitik façon Chirac restait la ligne de conduite de l'Elysée.

Un simple rapport, un poste dans une commission, un ministère... Peu importe la taille de l'hameçon. Le président, au nom de l'ouverture, a planté ses lignes au coeur même de la machine socialiste.

Fiscalité, éducation, justice ou santé... le nouveau président s'active pour engager ses principales réformes.

Grâce à son traité simplifié, le président français, avec l'aide d'Angela Merkel, remet l'Europe en marche... Au prix d'un compromis qui privilégie les différences au lieu de rechercher des points d'accord.

Le président lance la seconde phase des réformes. Mais il n'y aura pas d'offensive libérale à la hussarde pour imposer la rupture. Jacques Attali, nommé à la tête d'une commission internationale, est chargé de réaliser un audit décapant du modèle social français, pour faire accepter des mesures difficiles et impopulaires.

Rarement un président de la République aura prêté autant d'attention aux coups du sort frappant les anonymes. Une attitude qui, bien sûr, a une composante politique.

Le président reçoit à la fin de la semaine les propositions du comité Balladur. Si elles sont acceptées par les députés et les sénateurs - ce qui n'et pas gagné d'avance -, il pourra réaliser son double objectif : prendre acte de la présidentialisation définitive du régime tout en renforçant le pouvoir de contrôle d'un Parlement rénové.

La présidence de l'actualité heureuse est terminée. Dans un climat déjà tendu, le coup le plus sévère pour Sarkozy est aussi le plus intime.

Pour le chef de l'Etat, seul compte le face-à-face entre le spectateur-citoyen et le héros-président. Et comme dans un feuilleton télévisé chaque épisode chasse le précédent. L'affaire tchadienne et l'équipée du Guilvinec sont une nouvelle illustration de cette mise en scène permanente qui ravale tous les autres acteurs au rang de seconds rôles ou des simples figurants.

L'historien et démographe estime que "le tempérament agressif" du président "est naturellement dirigé contre les faibles". D'où sa recherche de boucs émissaires...

"Je serai le président de l'augmentation du pouvoir d'achat", avait promis le candidat. Huit mois après son élection, le président avoue son impuissance : les caisses sont vides, et ce sont les patrons qui décident des salaires. A quand le plan de rigueur ?

Le sociologue, qui publie cette semaine "La France morcelée", décrypte le sarkozysme et la désacralisation à haut risque de la fonction présidentielle.