Dans l’Europe de la Renaissance, plus de 50 000 personnes furent accusées de sorcellerie et brûlées vives. Comment expliquer que, à l’heure de la rationalité triomphante, des juges instruits aient pu voir la main du démon dans des rites et des croyances paysannes ?

Des milliers de personnes accusées de sorcellerie, surtout des femmes et des enfants, sont assassinées chaque année dans nombre de pays. Les Églises de Réveil, issues du pentecôtisme, attisent cette paranoïa qui inquiète les organisations internationales.

On l'a adorée, maudite, brûlée, Lilith, Circée, Morgane, Carabosse... toutes les civilisations et les époques ont leur sorcière. Hécate, déesse grecque de la lune noire venue de Thrace, règne sur la magie et parcourt les lieux désolés accompagnées d'une meute de chiens hurlants. La sorcière est le lien entre les morts eet les vivants, elle jette des sorts et se joue des forces obscures. Elle est aussi la féminité dotée de pouvoirs magiques de fécondité et du renouvellement de la nature. Mais son pouvoir et son mystère dérangent.

Pendant trois siècles, l'Ecosse a multiplié les exactions contre les personnes accusées de sorcellerie, faisant plusieurs milliers de victimes à travers le pays. 85 % d'entre elles étaient des femmes. L'avocate Claire Mitchell et l'autrice Zoe Venditozzi militent aujourd'hui pour que des excuses publiques soient présentées par l'Etat écossais à l'occasion du 8 mars.

Le 8 mars 2022, lors de la journée internationale des droits des femmes, la première ministre écossaise Nicola Sturgeon a présenté des excuses officielles aux milliers de femmes exécutées pour sorcellerie entre le 16e et le 18e siècle en Ecosse. Une association, Witches of Scotland, fait campagne depuis deux ans pour obtenir des excuses officielles ainsi que la grâce de toutes les personnes condamnées durant cette chasse aux sorcières. Nicola Sturgeon a déclaré que le Parlement écossais pourrait adopter un texte de loi autorisant la grâce réclamée.