C'est la science de l'irrigation acquise par ses paysans voilà plus de deux mille cinq cents ans qui a permis à la civilisation sud-arabique de devenir l'une des plus mythiques du monde et de faire rêver avec sa route de l'encens ou sa reine de Saba.

Les enjeux de la guerre qui déchire le pays sont multiples, de nature tribale, religieuse et sécessionniste. Et la paix n'est pas à l'horizon.

Le conflit armé au Yémen commencé en mars 2015 est volontiers décrit par les ONG et les médias internationaux comme une « guerre cachée ». C'est un fait que l'offensive militaire de la coalition emmenée par l'Arabie saoudite sur les positions tenues par la rébellion dite houthiste n'a jamais fait la une des journaux. Son coût humanitaire, ses milliers de victimes civiles ainsi que la déstabilisation qu'engendre cette guerre à l'échelle régionale semblent négligés par les diplomates et les opinions occidentales ou arabes visiblement lassés des soubresauts du Moyen-Orient et de ses violences.

Malgré 10 000 morts, dont la moitié de civils, depuis mars 2015, l'offensive saoudienne qui anéantit le pays ne suscite qu'un léger blâme.

De la légende de la belle Bilqis qui charma Salomon, au séjour d'Arthur Rimbaud à Aden, en passant par la Route de l'Encens, l'histoire du Yémen se confond avec tous les rêves, toutes les senteurs, toutes les richesses mais aussi tous les mirages d'un Orient entre mythe et réalité.