L'intronisation de l'ancien résistant Jean Zay au Panthéon.

Ministre de l'Education nationale et des Beaux-Arts à seulement trente et un ans, sous le gouvernement de Léon Blum, Jean Zay est arrêté en 1940 par Vichy ; des miliciens, se faisant passer pour des résistants, l'assassinent en 1944. Pendant sa captivité, il rédige "Souvenirs et solitude", où il décrit son isolement de prisonnier tout en revenant sur son passé politique, comme pour préparer un après-guerre qu'il ne verra pas.

Ministre de l'Education nationale, il fut le Jules Ferry du Front populaire. Avec un objectif : la démocratisation de l'enseignement secondaire.

En octobre 1940, Jean Zay était condamné à la dégradation et à la déportation pour ″désertion en présence de l'ennemi″.

Deux hommes et deux femmes symbolisant l'esprit de Résistance et les valeurs de la République.

De Lamartine à Déroulède, on sait ce qu'a représenté, dans notre tradition politique et dans notre culture scolaire, le drapeau tricolore. Ecolier modèle du temps de guerre, Jean Zay, comme d'autres, s'est ensuite retourné, avec la vigueur de sa jeune vocation littéraire, contre le patriotisme cocardier.

Dans le débat actuel sur l'interdiction du port du foulard islamique l'histoire est convoquée, comme il se doit à propos de toute évolution de la société et de ses règles. Il s'agit souvent du recours à une histoire très contemporaine.

Dans la grisaille des ministres de l'entre-deux-guerres, il en est un qui tranche, à l'éducation nationale : celui du Front populaire, Jean Zay, dont 2004 marque à la fois le centième anniversaire de la naissance et le soixantième de la mort. Ministre à 31 ans, il n'en avait pas encore 40 quand il fut abattu par la Milice, le 20 juin 1944. Peu d'existences politiques ont été aussi brèves, aussi brillantes et aussi tragiques.

″En politique, on ne fait grâce qu'aux morts″, consignait Jean Zay (1904-1944) dans son ouvrage testament ″Souvenirs et Solitude″, écrit depuis la cellule où l'enfermait le régime de Vichy. Une vérité que la postérité allait pourtant tarder à confirmer, son nom ne suscitant un temps plus que l'indifférence, avant un récent retour de mémoire. L'occasion d'une réflexion sur la trace laissée par cet homme à la trajectoire aussi fugace que tragique.