Le Premier ministre a mangé son pain noir : avec le léger recul de Chirac, son électorat naturel le boude moins. Mais cela n'empêche pas Jospin d'être présent au second tour.

Trop de ralliements à Chirac : le maire de Paris fait la fine bouche. Et les rares fidèles du Premier ministre espèrent secrètement que leur champion ne sera pas au second tour.

Face à la déferlante Chirac, l'ex-coqueluche des sondages fait front. Il accuse, sans jamais le nommer, son adversaire de pratiquer la démagogie et de flatter les peurs des Français. Et affirme sa détermination de se battre jusqu'au bout.

Tout désormais dans la majorité est prétexte à conflit. Le summum a été atteint avec la "guerre des ambassades". Récit d'un mauvais feuilleton qui a opposé les membres de l'ex-garde rapprochée du maire de Paris.

Cette fois, le Premier ministre est directement touché : il a publiquement couvert une opération dont, dès le lendemain, il reconnaissait l'illégalité. Et Pasqua, son rempart, est devenu le plus encombrant des alliés.

Ministre de l'Economie en 1987, il privatise cette filiale de la CGE. Un an plus tard, simple député, il en devient actionnaire et conseiller bien rémunéré...

"Il a promis", "il n'y croyait pas", "il n'a pas assez de cran"... Les bonnes raisons ne manquaient pas aux chiraquiens pour se rassurer. Pendant ce temps, Balladur tissait sa toile... Récit de la fabrication d'un candidat naturel.

De l'état de grâce des premiers mois aux incertitudes d'une guerre des chefs qui déchire la majorité, de la "nouvelle moralité politique" à l'enlisement dans les "affaires" et à la démission de trois ministres, en passant par les fiascos de Riyad et de Pékin, l'image du Premier ministre n'a cessé de se dégrader...

Il y a trente ans, sous Pompidou, qu'ils se sont rencontrés. Depuis quinze ans, ils se téléphonaient tous les jours. Aujourd'hui, ils se déchirent. Enquête sur une amitié politique qui n'a pas résisté au feu des ambitions présidentielles.

Publiquement, ils sont contraints de donner le change. Mais en coulisse le conflit entre le maire de Paris et le Premier ministre fait rage. Double jeu, déloyauté, trahison : les accusations pleuvent...

Ils ont travaillé un dimanche après-midi. Et pourtant les mesures arrêtées par l'équipe Balladur pour relancer l'emploi ont été mal accueillies, jusque dans sa propre majorité. Il est vrai qu'elles sont, pour le moins, d'une rare modestie...