Dépourvus du soutien des médias, d’une grande partie du patronat et des élites politiques, les réseaux de l’ancien président brésilien Jair Bolsonaro ont tenté un putsch le 8 janvier dernier. Sans doute espéraient-ils un ralliement des militaires. En dépit de son échec, le courant politique incarné par l’ancien président vient de démontrer qu’il n’avait plus besoin de son meneur d’hier pour exister.

De toute évidence, mieux vaut contester un président de gauche qu’une dirigeante de facto, parvenue au pouvoir sur la base d’un coup d’État. La comparaison des traitements réservés à des soulèvements récemment survenus dans deux pays latino-américains suggère que, devant les tribunaux médiatiques et diplomatiques, toutes les mobilisations n’ont pas la même légitimité.

« Coup d’État de trop », selon la ministre des affaires étrangères sénégalaise Aïssata Tall Sall, l’intervention des militaires, le 26 juillet dernier à Niamey, suscite une agitation inhabituelle en Afrique et dans le monde. Le Niger est en effet un pays-clé de la lutte contre le djihadisme au Sahel. Mais ce putsch est aussi révélateur d’une évolution du rapport à la démocratie et à l’Occident dans la région.

Flambée du pétrole, guerre dite de Kippour, putsch d’Augusto Pinochet : 1973 a marqué le siècle dernier. Pour l’Occident, l’année est restée associée à une grande rupture, celle de « la crise ». La fin des décennies de croissance continue, l’instabilité monétaire, l’envol du prix des matières premières ne furent pourtant pas les seuls jalons de ce nouveau monde. Le Royaume-Uni finit par rejoindre la Communauté économique européenne ; en Amérique latine, et pas seulement au Chili, les coups d’État s’enchaînèrent et écrasèrent les mouvements populaires.

Il y a cinquante ans, en 1973, un coup d’État faisait basculer le Chili dans la dictature. Quelques semaines après l’événement, l’historien jésuite Michel de Certeau publiait dans nos colonnes un article consacré à l’événement. Extraits.

Après le coup d’État qui a eu lieu à Niamey à la fin de juillet, Emmanuel Macron avait tenu tête aux putschistes. Le 24 septembre, il a annoncé le retrait des militaires présents sur place. Pour ce journal bavarois, Paris risque désormais de faire de la figuration géopolitique en Afrique.

Dix mois après le coup d'État, le chronogramme de la transition est sur les rails. Il doit aboutir à l'adoption d'une nouvelle Constitution d'ici à la fin de l'année, puis à la présidentielle, prévue en août 2025. En attendant, que donnent les réformes engagées par Brice Oligui Nguema ? Et qu'en pensent les Gabonais ? Sommaire. Comment réveiller le Gabon ?, éditorial. Oligui Nguema, chef d'orchestre d'une transition allegro moderato. Raymond Ndong Sima : "La prise du pouvoir par les militaires était un moindre mal". Avec les voisins, tout va (presque) bien.

En reconnaissant une immunité au président pour ses actes "officiels", la Cour suprême le met au-dessus des lois, dénonce le quotidien de centre gauche.

Dans un espace saharo-sahélien marqué par le djihadisme et les conséquences de la chute, en 2011, de Mouammar Kadhafi en Libye, le Niger faisait figure d'exception. Après les putschs au Mali en 2020 et 2021 et au Burkina Faso en 2022, il était « fiable ». De façon inattendue, le 26 juillet 2023, des militaires ont renversé le président Mohamed Bazoum, élu en 2021, mettant en péril ses partenariats internationaux, alors que le pays en dépend.

A l'origine, le mot désigne ces dunes creusées dans le sens du vent. Il est surtout connu pour être le nom d'une intervention de l'armée française au Sahel. Prévue pour être courte, elle aura duré dix ans, jusqu'au retrait des troupes du Niger en décembre 2023. Avec un bilan pour le moins mitigé : 3 000 morts selon les décomptes officiels et une présence décriée.

Le coup d'Etat au Niger est une mauvaise nouvelle pour les intérêts français. Déjà éprouvé par les putschs au Burkina Faso et au Mali, Paris pourrait perdre un allié dans la lutte anti-djihadiste et voir son influence se réduire à nouveau.

La multiplication des coups d'Etat, qui fragilise encore un peu plus l'influence de la France sur le continent, signe un inquiétant recul démocratique. Explications avec Alain Antil, de l'Ifri.