Pendant plusieurs semaines, nombre de médias ont joué à se faire peur. Tout cela sur un fond de l'air pessimiste. Pour certains, le cinéma était mort et les jeunes en particulier ne remettraient pas les pieds dans les salles, préférant les plateformes même si les entrées commençaient à dépasser celles d'avant le Covid. Cette fois-ci, c'est le 76e Festival de Cannes qui allait connaître des heures chaudes. Irait-il même jusqu'à sa fin ? Sommaire. Présentation. Notes sur les films.

En cette année où parvenir à voir les films a parfois tenu de l'exploit, seuls deux sont présents dans plus de la moitié des listes envoyées par les lectrices et lecteurs des "Cahiers" : "Uncut Gems" et "Les choses qu'on dit, les choses qu'on fait", chacun autour de 56 %, très proches de la moyenne des « gagnants » des années précédentes.

Cela va faire six mois que Michel Ciment nous a quittés. Dans notre numéro de décembre 2023 (no 754), nous revenions sur sa définition des «sept vertus cardinales» que devrait avoir la critique de cinéma: l'information, l'analyse, le style, la passion, la curiosité, la hiérarchie de jugement et le « coup d'oeil » (pour dépister les nouveaux talents).

Des anniversaires, des polémiques, un nouveau magazine tour d'horizon de l'actualité de la critique de cinéma.

Après avoir rendu compte du Festival sur notre site quotidiennement, que reste-t-il des dizaines de films vus, des textes écrits dérobant des heures au sommeil, des idées glanées entre projections, discussions et autres apéros ? Voici notre "retour de Cannes 2023". Sommaire. Au-delà de la vérité. Révélations cannoises.

A quelques jours de l'ouverture, les mauvaises langues prédisaient une édition à hauts risques. Il n'en fut rien. L'hypothétique liste de célébrités du cinéma français compromises dans des abus sexuels en est restée au stade de rumeur sur les réseaux sociaux. Et les revendications des travailleurs précaires des festivals du collectif "Sous les écrans la dèche" ont pu être exposées officiellement, tandis que d'hypothétiques négociations étaient entamées avec le ministère du Travail.

Le cinéma se réécrit perpétuellement. "Les Cahiers" vous proposent cet été 2024 de regarder bouger les lignes de son histoire, aussi bien avec des étudiants qui parlent librement de leur cinéphilie, qu'avec des historiens de divers pays qui portent chacun une vision singulière de leur discipline. Bien sûr, il n'y a pas une, mais des histoires du cinéma. Comment les féministes proposent-elles de changer « le canon », l'histoire officielle ? Que valent les classements, listes et autres tops 10, qui ont leur propre historicité, leur valeur d'usage, leur fonction de symptôme ?

Quelques mois à peine séparent la ressortie des films de Sacha Guitry de ceux de Marcel Pagnol, et ce court intervalle fait résonner un de leurs plus saillants points communs. Outre une matrice théâtrale, leur cinéma partage, comme en chanson, une signature vocale immédiatement reconnaissable, qui envoûte et reste en tête : au 'blind test' du cinéma français des années 1930, l''assent' méridional des acteurs de Pagnol vaut bien la voix unique, trainante et nasillarde du Guitry-comédien.

On a toujours tendance à juger la qualité d'un festival à ses lauréats, là où les étoiles les plus brillantes ne sont parfois que les plus proches. On devrait aussi s'interroger sur les obscurs, les sans-grades, ces films sortis de nulle part qui réussissent parfois à détourner notre regard pour se ménager un strapontin parmi les maîtres consacrés. Cannes reste l'ultime show-room où s'expose le cinéma d'auteur mondial.