Réflexion sur la loi Macron, dite loi "pour la croissance, l'activité, et l'égalité des chances économiques", préparée par le ministre de l'économie Emmanuel Macron et imposée par la force via le recours à l'article 49-3 (disposition constitutionnelle permettant l'adoption d'un projet sans vote).

Constat circonstancié, en mars 2016, d'Hélène-Yvonne Meynaud, juge des prud'hommes et sociologue, du recul constant de la justice prud'homale en France. Mme Meynaud déplore la mise à mal d'une institution judiciaire pourtant composée de représentants actifs, issus du monde de l'entreprise, à l'avenir remplacés par des magistrats professionnels. Les premiers coups de semonce furent portés par la réforme de la carte judiciaire en 2008, la réduction des délais de prescription en 2013, la suppression des élections des conseillers prud'homaux en 2014.

Pour faire passer la réforme du code du travail préparée par la ministre Myriam El Khomri, le gouvernement et les médias jouent sur deux tableaux. D'une part, ils dénigrent systématiquement ceux qui s'y opposent : étudiants nantis contre jeunes sans diplôme précarisés, travailleurs contre chômeurs... De l'autre, ils brossent un tableau enchanté des accords au cas par cas et du référendum dans l'entreprise.

Contestée par une large part des forces syndicales et de la jeunesse, la loi El Khomri entend poursuivre - et accélérer - la déréglementation du marché du travail. Flexibilité, travail le dimanche, horaires décalés : dans ce domaine, le nord de la France fait figure de laboratoire. Une évolution dont seul le Front national semble tirer profit, comme lors des élections régionales de décembre 2015.

En France, l'opposition à la réforme du code du travail et l'occupation des places par le mouvement Nuit debout ont convergé dans le refus d'une vision étriquée de la politique : évanouissement des espérances collectives dans le trou noir électoral, aménagement à la marge de l'ordre social. Assiste-t-on à la fin d'un cycle marqué par des revendications toujours plus limitées et jamais satisfaites ?

Fidèles à leur principe - on ne change pas une politique qui perd - , MM. François Hollande et Manuel Valls ont refusé, le 14 décembre 2015, de donner un coup de pouce au salaire minimum. Il n'augmente donc que de 6 centimes de l'heure, comme le prévoit la loi. A ce choix de maintenir les salaires bas s'ajoute une volonté de détricoter le code du travail, qui résulte d'une longue histoire.

Trois rapports, cet automne, ont traité du dialogue social : le rapport de l'Institut Montaigne (Sauver le dialogue social), celui du think-tonk Terra Nova, rédigé par Gilbert Cette et Jacques Barthélémy , et celui du groupe de travail coordonné par Jean Denis Combrexelle... · quoi il conviendrait d'ajouter celui de l'Institut de l'entreprise, publié au printemps 2013 sous le titre « Dialogue social : l'âge de raison »

Alors que le gouvernement français se heurtait, au moment de boucler ce numéro de la revue Futuribles, à l'opposition d'une partie de l'opinion au projet de loi El Khomri visant à réformer le droit du travail, il est intéressant de relire le rapport "Le Travail dans 20 ans", publié en 1995 par le Commissariat général du Plan, et particulièrement sa préface signée Jean Boissonnat.

Alors que le gouvernement français peine - comme ceux qui l'ont précédé - à avancer dans la réforme du droit du travail, se heurtant à des résistances à la fois politiques, syndicales, patronales..., la question des relations sociales dans le cadre professionnel conserve toute son actualité. Or, comme le montre ici Hubert Landier, les entreprises continuent, dans leur grande majorité, à fonctionner selon le modèle pyramidal traditionnel issu de l'époque cartésienne.

Controversée à droite comme à gauche, la loi sur le travail le dimanche, quatrième version, revient devant le Parlement.

En un an, ce nouveau statut a suscité 320 000 vocations. Mais il ne suffit pas de s'inscrire pour que ça marche.

Le pouvoir n'avait pas le droit à l'échec. Pour obtenir un compromis inédit, il n'a cessé d'user auprès des partenaires sociaux de la séduction et de la menace.