Mécontent de ne pas avoir obtenu en juin une majorité à même de renforcer son pouvoir et ses attributions, M. Recep Tayyip Erdogan a convoqué de nouvelles élections législatives qui se tiendront le 1er novembre 2015. Pour mettre toutes les chances de son côté, le chef de file des islamo-conservateurs durcit la répression vis-à-vis de ses opposants en ciblant les forces progressistes et en bombardant les Kurdes.

La Turquie est depuis des années le théâtre d'une lutte sans merci entre deux hommes incarnant chacun une vision de l'islam politique. D'un côté, le Premier ministre Erdogan, aux affaires depuis 2003, régulièrement élu et fort d'un bilan économique impressionnant. De l'autre Fethullah Gülen, un intellectuel influent qui, depuis sa retraite américaine, étend son emprise sur les principaux rouages de l'Etat. Ce conflit où tous les coups sont permis menace la stabilité du pays.

Turquie. Mosquée XXL, aéroport colossal, canal... Entre mégalomanie et scandales politico-financiers, le maître de la Turquie voit les choses en grand.

La révélation d'énormes scandales impliquant plusieurs de ses ministres et jusqu'à l'un de ses fils fragilise le chef du gouvernement islamiste. Celui-ci dénonce un complot ourdi par ses ex-alliés de la confrérie Gülen. Mais il semble bien avoir perdu la main.

Il dirige une tentaculaire confrérie pourvue de ramifications planétaires. Recep Tayyip Erdogan, le Premier minsitre, l'accuse d'avoir juré sa perte et réprime ses partisans. Qui est donc le très mystérieux et très puissant Fethullah Gülen ?

Après la répression du mouvement de Gezi et la révélation de graves affaires de corruption impliquant le Premier ministre, les municipales du 30 mars 2014 ont valeur de test pour l'AKP.

Le tout-puissant et très intolérant Recep Tayyip Erdogan affrontera deux adversaires au premier tour de l'élection présidentielle, le 10 août 2014. Avec la ferme intention de s'épargner un ballottage.

Pour l'enfant du quartier populaire de Kasimpasa, c'est la consécration. Elu président le 10 août 2014, le Premier ministre sortant compte renforcer encore son emprise sur le pays. Objectif : modifier la Constitution et s'arroger tous les pouvoirs.

Face à un président qui ne cesse d'accroître son pouvoir et d'étendre ses prérogatives, quel rôle pour Ahmet Davutoglu, son nouveau Premier ministre ?

Divulgation d'enregistrements téléphoniques compromettants... Chasse aux sorcières dans l'appareil d'Etat... Entre la confrérie soufie et le gouvernement islamo-conservateur, une lutte à mort est engagée. Et tous les coups sont permis.

Longtemps cité en exemple par les pays occidentaux, le Premier ministre turc est aujourd'hui gagné par des dérives autoritaires. Dans sa ligne de mire : ses "alliés" et les réseaux sociaux.

De Mustafa Kemal à Recep Tayyip Erdogan, le culte de la personnalité a toujours empêché le fonctionnement de la démocratie.