Dimanche prochain, les électeurs devront se prononcer sur dix années de "felipisme". Et l'issue du combat, dans lequel le chef du parti social-démocrate affronte, cette fois, le leader d'une droite revigorée, est incertaine. Serge Raffy est allé faire, sur le terrain, le portrait des combattants.

Comme il y a eu aux Etats-Unis un avant et un après - 11 septembre il y aura en Espagne un avant et un après - 11 mars. C'est une nation sous le choc que trouve José Luis Rodriguez Zapatero. Tous les débats qui agitaient le pays avant les élections paraissent aujourd'hui datés, presque futiles. Les clichés sur le "miracle espagnol" ont perdu leurs couleurs. Jamais un pays européen n'avait subi sur son sol une attaque terroriste d'une telle sauvagerie. Jamais un peuple n'avait changé de majorité dans le sang et les larmes.

En exploitant habilement le thème du terrorisme et des relations entre l'Etat et les Régions, la droite a privé les socialistes d'une campagne centrée sur le terrain social et la crise irakienne.

Dans les grands événements, les peuples sont parfois plus grands que leurs dirigeants : la semaine tragique qui vient de s'écouler en apporte la preuve. Frappés au coeur par la barbarie, victimes de l'attentat du 11 mars comme les New-Yorkais l'avaient été du 11 septembre, les Espagnols ont donné au monde une leçon de courage, de dignité et de démocratie.

Certes le ralentissement économique, certes l'explosion de la bulle immobilière, certes le terrorisme qui vient encore de tuer... Mais aussi la libération des moeurs, plus rapide que nulle part ailleurs. Les femmes tiennent le haut de l'affiche.

En enlevant la majorité absolue des sièges aux Cortes, la droite espagnole remporte une victoire historique.

Sur le terrorisme basque et la menace qu'il fait peser sur notre pays, mais aussi sur les problèmes de l'immigration, l'élargissement de l'Europe, la mondialisation, le chef du gouvernement de Madrid a donné à Claude Weill, au palais de la Moncloa, le point de vue d'un Espagnol "fier de l'être".

Les partis anti-austérité ne cessent de gagner du terrain de la Grèce à l'Espagne, tandis que cette gauche piétine en France. Rencontre exclusive avec Pablo Iglesias, leader du mouvement Podemos, qui pourrait accéder au pouvoir dès cet automne.